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Chapitre 01: 20 mars 2016.
Ce matin-là, il ne fait pas très beau au dehors.
Un orage a noyé l'avenue pendant la nuit.
Comme toujours, Clara s'apprête à faire son jogging du matin.
Le fidèle « Cow-boy », chien de compagnie s’agite et presse sa maîtresse.
C'est alors qu'elle voit du courrier dépasser de la boîte aux lettres.
Intriguée, elle s'arrête.
Une enveloppe de faible poids sort de celle-ci.
Elle ne reçoit plus tellement de lettres par la poste.
Internet lui permet de passer le temps, de communiquer avec Julia, sa meilleure amie et de payer les factures.
Elle tourne et retourne le petit paquet dans ses mains.
Il est timbré à partir du Maryland.
Pas d'erreur, sa propre adresse est bien présente plantée au milieu d'une étiquette au centre de l'enveloppe.
Par contre, pas de nom de celui qui a posté la lettre ni au recto, ni au verso du paquet.
Elle déchire la tranche avec le plat de sa main.
Une lettre et une autre enveloppe qui manifestement, doit contenir d'autres lettres pliées seulement en deux, à l'intérieur.
Elle commence à lire la première qui est très courte.
Chère Madame Thompson,
C'est avec tristesse que j'ai appris la mort de votre mari, John.
Je ne sais s'il vous a parlé de moi.
Nous nous sommes connus à la NSA et je suis devenu très vite son ami.
Il m'a beaucoup parlé de vous.
Il m'avait laissé votre adresse avec la mission de vous faire parvenir ce petit paquet de lettres que vous trouverez à la suite de la mienne.
Il avait le souhait que je vous fasse parvenir l'ensemble si votre époux John venait à décéder.
J'ai appris son décès comme tout ceux qui travaillent à la NSA.
C'est peut-être une grande maison mais un petit monde qui se croise dans les bureaux, se parle parfois et ne se revoit qu'après certaines opérations très particulières à l'extérieur.
Je réalise donc son vœux à titre post mortem.
Je ne connais évidemment pas leur contenu.
Vous les recevez tel quels derrière des enveloppes fermées.
J'ai attendu quelque peu avant de vous les envoyer pour des raisons de sécurité.
Je suppose qu'il voulait vous raconter quelques péripéties de sa vie.
Il ne m'en a donné que quelques idées d'ensemble.
Je vous prie d'accepter, chère Madame, mes condoléances les plus sincères.
Bien à vous,
Ted
La lettre se termine en moins d'une page avec seulement un prénom pour signature.
Un prénom qu'elle ne connaît pas.
John ne lui avait pas parlé de son collègue et ami, Ted qui n'était donc pas au courant de la fausse mort de John et de sa résurrection.
Clara a l'envie de défaillir en tremblant de tous ses membres sur ses jambes.
Elle semble revivre une histoire déjà vécue un mois plus tôt quand un soldat était venu lui annoncer la mort de son mari, John.
Depuis, si elle a enterré un homme qu'on lui avait déclaré être son mari, ce n'était pas lui.
Elle n'avait pas pu l'identifier parce qu'il venait d’Égypte et que le corps était déjà en décomposition.
Depuis, elle l'avait revu.
Elle savait John, vivant.
Accompagnée de son fils Stephen, elle avait voulu apprendre son passé parallèle à la NSA.
En si peu de temps, cela aurait été une gageure si un hasard ne les avait pas aidé quand ils l'avaient retrouvé habillé avec une djellaba locale.
John leur avait raconté ce qui lui était arrivé et révélé son désir de changer de vie et de revenir à zéro.
Elle se souvient encore de cette vidéo qu'il leur avait montré avec ces drones qui pour lui avait été un déclic.
Ensuite, Clara et Stephen étaient retournés en Floride, rassurés et heureux de sa décision.
La NSA avait dû perdre sa trace puisqu'elle n'avait plus eu de suites.
Elle retourne à l'intérieur de la maison.
S’assoie dans le fauteuil du salon et commence à lire la deuxième lettre.
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Chapitre 02: 2 février 2016.
Chère Clara,
Si tu reçois cette lettre, c'est que je n'aurai pas réussi à disparaître sans laisser d'adresse selon mon dernier souhait.
Comme je l'imagine, tu as dû recevoir un militaire pour annoncer ma mort.
Je me disais que les souvenirs ne peuvent mourir complètement avec moi qui les emporte.
Je ne t'ai jamais raconté beaucoup de mes aventures car j'étais tenu au secret pour différentes raisons dans ma vie.
Ne t'attend d'ailleurs pas que je te mette au courant de ce qui concerne mon dernier emploi du temps dans les lettres qui suivront, si ce n'est pas tombé dans le secteur public.
Quand nous nous sommes retrouvés en juillet 2015, ma décision de changer de vie avait été prise sans en connaître encore la méthode pour y arriver.
Changer de vie et fuir, cette vie que j'avais prise un jour sans me rendre compte des implications.
Cette vie qui m'avait imposé, tellement de secrets volontaires ou non.
Pour changer de voie sur ce qu'on fait, il suffit parfois de presque rien.
Une vétille crée l'étincelle et entraîne la réflexion qu'on s'est trompé de voie et qu'on a été trompé par de beaux principes nationaux.
Tout à coup, le monde devient plus clos et ne parvient plus à combler ses désirs familiaux primaires.
J'ai donc terminé ma vie à la NSA où le secret est la fonction même des services.
La violence qui se cache derrière les services secrets, m'était devenu insupportable.
Je pensais que dans mon monde fermé à la communication que je pouvais me préserver du monde et de ses vicissitudes.
C'est vrai dans un premier temps, mais cela devient très difficile quand il faut expliquer son attitude et qu'on ne le peut pas.
Partager mes sentiments avec toi et avec d'autres m'était devenu interdit.
On nous apprend à être plus fort, plus instruit, plus tout, mais pas de l'essentiel, d'avoir son existence à soi dans le privé d'un couple.
Le cerveau n'a une existence que par la communication et le partage des informations et de son savoir.
Aujourd'hui, Internet est le reflet de cette mise en réseau de l'information universelle.
Ce manque de contacts, de pourvoir s'ouvrir et de se décharger de ses troubles par les confidences, s'est progressivement fait sentir en moi.
Ted était le seul avec qui j'ai pu ouvrir quelque peu ce qui se maintenait difficilement en moi.
Cela avait généré une lassitude de ne pas exister avec mes proches pour leur exprimer mes expériences.
Cette lassitude, je l'ai ressentie avec les années qui passent trop vite avec le trop plein qui se manifeste.
Il est temps de vivre autrement pour sortir de ce blocage.
Au cours de l'année 2015, j'avais pris la décision d'envisager de vivre une autre vie future avec toi.
Je ne pouvais pas t'en parler plus tôt car je n'étais pas certain d'aboutir dans ce changement de cap.
Voilà le bouleversement qui s'est opéré en moi.
Depuis lors, ce passé, je l'ai décrit au fur et à mesure dans une suite de lettres que j'ai écrites sans pouvoir te les envoyer dans un journal secret.
Opération très salutaire pour faire le point des épisodes de ma vie et de ce qui l'avait engendrée.
Pour qu'elles paraissent le plus représentatives, j'écrivais quand j'avais le temps dans des périodes chargées de stress et de craintes.
Je te ferai grâce des fadaises que je finissais par jeter à la poubelle, endroit qu'elles n'auraient jamais dû quitter.
Ce sont ces lettres que j'ai transmises à mon ami Ted pour lequel j'avais une confiance absolue et qui a accepté de jouer ce rôle de messager auprès de toi après ma mort.
Il y a bien longtemps, que tu avais remarqué que j'étais souvent absent de la maison.
Trop souvent, je l'avoue.
Tu m'as souvent attendu de nombreuses semaines, si ce n'est pas plus, avant que je ne réapparaisse à la maison.
Tu as pu penser qu'il y avait une deuxième vie parallèle à toi.
C'est vrai, il y en avait une mais ne t'inquiète pas, cette vie parallèle, je ne la passais pas avec une autre femme.
Enfin, sauf une fois, il y a longtemps, dans un moment de détresse sans amour comme une amie prête à m'écouter mais qui n'était pas une rivale pour toi...
Je n'anticipe pas ni ne prolonge cette parenthèse.
Je te dois donc des explications sur mes absences et peut-être sur ma tentative manquée de former un couple très uni avec toi.
Ce n'est pas le moment de faire des confessions mais celui de faire un testament.
Un testament que j'espère ne sera pas trop difficile à lire pour toi.
J'espère que tu retrouveras après moi, un peu plus qu'un hologramme, un fantôme qui traîne un boulet de secrets derrière lui.
Si la haut où je suis sensé aller, le grand ordonnateur pense que je lui réveillerai des secrets sur comment va le monde du dessous, il se trompe déjà.
Je suis tenu au secret à vie comme à la mort.
Mon histoire remonte très loin dans le temps.
Une vie familiale des parents qui donnait les prémices de ce qui allait suivre.
Il faut que je te l'avoue, tu avais épousé un pigeon voyageur.
J'espère que tu me comprendras même à titre posthume.
Je t'embrasse de tout cœur, chère Carla.
Ton John pour toujours,
John,
La biographie de son mari, voilà ce que Carla avait espéré depuis longtemps et voilà qu'elle se présente à nu devant elle.
La lettre datait de peu de jours avant que Clara reçoive le militaire pour lui annoncer sa mort.
Elle qui veut apprendre à connaître John en allant à sa recherche sur les lieux de son dernier passage, allait être comblée.
Ce n'est pas cette rencontre furtive avec lui au Caire qui l'avait beaucoup plus informée.
Avec impatience, elle passa à la lettre suivante qui remonte encore dans le temps.
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Chapitre 03: 23 février 2015,
Chère Clara,
Je suis un pigeon voyageur depuis tellement de temps.
Un pigeon peut-être, mais qui ne roucoule pas en apportant son message et qui reste muet comme une taupe ne pouvant rien révéler ni raconter d'où il venait et où il va.
Un pigeon part souvent en mission et revient où il est parti quand son travail de messager est terminé.
Je suis revenu à la maison, chaque fois que ma présence était requise dans les grandes occasions de notre existence comme les anniversaires et les fêtes traditionnelles du Thanksgiving ou de Christmas....
Mais c'est vrai, je le sais, je l'ai ressenti encore lors de notre dernière entrevue, cela n'a pas dû être suffisant pour toi.
Mon trouble psychique correspondant à ce goût du voyage inconsidéré, je le connaissais depuis ma jeunesse en réaction à l'immobilisme de mes parents.
Il s'agissait bien d'un trouble de la volonté de bouger en toutes occasions.
Je l'ai compris plus tard à la recherche d'un paradis qui n'existe nulle part.
Déboussolé, j'ai dû perdre mon chemin en route et me fourvoyer dans une sorte de syndrome migrateur.
J'éludais quelque part mes responsabilités de mari et de père, mais c'était plus fort que moi.
Le voyage est une sorte de confessionnal ambulant dans lequel les rencontres se permettent des confidences très temporaires puisqu'elles n'auront en principe aucune suite.
Les rencontres, les paysages, c'est ça qui fait tout le charme des voyages.
Dans ma jeunesse, j'étais un passionné des livres de Jack London.
J'étais un véritable citoyen du monde, mais aussi un écrivain de pacotille à qui on a refusé de donner un crayon pour écrire alors qu'il avait une feuille blanche devant lui.
Si tu n'as pas lu un de ses romans, « L'appel de la Foret » ou « La maison du loup » dans lequel il parle de sa maison incendiée qui l'a obligé à prendre le monde comme nouvelle résidence. C'est un écrivain qui m'a passionné très jeune.
London donne parfaitement l'envie de parcourir le monde à un jeune.
Il y aura bientôt cent ans qu'il a passé l'arme à gauche à l'âge de quarante ans.
Une vie courte mais une vie intense, bien remplie, pleines d'aventures à tous les instants avec un bateau pour traverser les mers.
Son plus terrible dilemme, il a dû l'endurer à choisir entre le travail de ses contemporains et la vie vagabonde.
Son travail s'est mué alors en écriture de sa vie, à corps perdu et risquer apporter les rêves et les fantasmes chez les autres.
Le voyage sert à se comprendre soi-même, à estimer si on est dans la moyenne de la masse des travailleurs qui ne verront souvent que le bout de leur chemin à quelques pas de chez eux.
C'est vrai que beaucoup d'Américains ne connaissent rien d'autre que leur région si pas uniquement leur ville.
Au mieux, c'est le reste du pays américain qui reste immense et qui leur suffit encore aujourd'hui.
Je voulais dépasser ces frontières américaines.
Aller voir si l'herbe n'avait pas plus de couleurs de l'arc-en-ciel, dans tous les horizons et toutes les directions.
A l'usage, à force de passer d'un horizon à un autre, on découvre qu'on accentue sa solitude par son côté exclusif mais je n'y voyais qu'une richesse sans vouloir y voir en plus, de points négatifs.
Du syndrome du voyage, il paraît que ce serait un symptôme psychiatrique comme le sont les états délirants aigus, les hallucinations, un sentiment de persécution, d’agression, de l’hostilité d’autrui, d'une déréalisation, d'une dépersonnalisation, d'anxiété, et également de troubles à expression corporelle comme des vertiges, une tachycardie, des sueurs, etc.
Incroyable que je puisse dire et écrire cela aujourd'hui.
Je n'ai rien ressenti de la sorte avant cela.
Pour moi, c'était devenu la délivrance de ce que j'avais connu plus tôt.
Un sauvetage par la diversité des rencontres.
J'ignore si cela peut avoir un nom qualifié de syndrome psychiatrique d'ailleurs.
Le syndrome de Stockholm qui s'habitue avec un environnement hostile en n'y trouvant que des avantages correspondrait mieux.
Le point négatif, c'est que si les rencontres furtives de la condition humaine nous servent de dérivatif, elles ne parviennent pas à analyser plus profondément cette condition humaine.
Je l'avoue, le but n'était pas toujours louable d'éjecter de ma mémoire ces rencontres furtives pour en trouver d'autres ailleurs même si elles peuvent être plus enrichissantes.
Peut-être était-ce une naïveté face à elles qui m'avait toujours poussé à continuer ma quête sans jamais me sentir rassasier.
Mon problème psychologique était peut-être emprunt tout simplement d'instabilité.
Quand je suis quelque part, très vite, je ressens un manque de nouveautés et d'aventures qui m'oblige à chercher une suite dans un feuilleton jamais achevé.
Mon syndrome d'exotisme et du voyage, ce n'était pas envers des œuvres d'art, de symboles religieux mais comme une recherche à me connaître ou me reconnaître moi-même dans un ailleurs fictif.
J'aimais les rencontres de personnes qui ne me ressemblent pas et qui peuvent m'apporter ce choc de culture que l'on finit par rencontrer. On peut ainsi raconté une histoire que l'on a déjà raconté plusieurs fois, sans que les interlocuteurs puissent s'en rendre compte de la répétition.
Mon besoin de communier avec le reste du monde ne date pas d'hier.
J'aurais pu le réaliser en virtuel par Internet comme beaucoup le font aujourd'hui sous un pseudonyme, diras-tu.
Tu as raison, j'ai fait d'ailleurs quelques essais dans ce sens mais sans suite.
J'ai acheté beaucoup de DVD sur des endroits exotiques dans le monde mais cela ne me donnait pas l'adrénaline nécessaire et cela avait accentué mes envies d'aller voir les images qui bougent en relief sur place.
De plus, souvent c'était pour vanter un endroit à un autre endroit avec une idée touristique derrière la tête pour donner envie.
J'en arrive à me demander comment certains se croient dans un paradis avec un casque sur la tête avec la vision d'images, même en 3D, comme la technologie le permet aujourd'hui.
Il y a toujours le vent, les odeurs qui manqueront aux images en mouvement.
J'aimais tous les genres de dépaysements, les chocs culturels, les chocs de l'improvisation, de l'inattendu qui m'apportent de l'adrénaline par les risques qu'ils apportent.
Au début, tout avait été organisé dans ma vie pour atteindre cet objectif qui comportait toujours quelques risques de mauvaises rencontres.
Puis, il y a eu la NSA et tout s'est cassé sans m'en rendre compte.
Si j'aimais toujours les voyages, je ne pouvais plus en donner mes impressions, mon ressenti à d'autres.
Ce fut le paradoxe de ma vie dans toute sa splendeur.
Plus casanière, tu n'avais, semble-t-il, pas ce goût du risque de faire des rencontres heureuses ou malheureuses.
Plus familiale, tu te complaisais avec les gens de ton entourage que tu connais depuis de longues dates.
Je me rends compte que je peux me tromper puisque nous n'en avons jamais parlé.
Mais t'entraîner dans mon univers de risques concernés par le travail à la NSA comme un bourlingueur de l'extrême, avait cassé toutes espérances.
Allons-y dans ce passé sous le voile du secret partagé.
John,
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Chapitre 04: 15 mars 2015
Chère Clara,
Quand j'étais en mission en Égypte pour m'intéresser à ce qui se passait lors du printemps arabe, mon goût pour l'exotisme avait été comblé.
Une Égyptienne, du prénom de Dalida, m'a initié à une autre forme de vie en Extrême-Orient.
Professeur à l'Université du Caire, elle s'était déjà aventurée dans beaucoup d'endroit dans son pays et d'autres pays du Moyen-Orient.
Je ne connaissais pas la langue égyptienne mais l'anglais me suffisait dans la plupart des cas des rencontres dans l’hôtel.
Lors d'une visite à l'université du Caire, nous nous sommes parlés.
Elle n'avait jamais été en Amérique et nous avons échangé nos expériences et nos habitudes dans nos deux pays respectifs. Ce fut un échange qui a été fructueux pour les deux.
Pour moi, c'était l'aventure touristique avec un bonheur à l'état brut.
Pour elle, la surprise mêlée d'intérêts et d'inquiétude.
Nous nous sommes donnés rendez-vous et elle m'a servi de guide et d'interprète lorsque l'anglais n'était pas de mise.
Je l'ai revue quelques fois mais sans plus que des visites de courtoisies et d'échanges de versions de vie.
Pas à dire, l’Égypte, c'est un autre monde dont je n'imaginais pas l'existence.
J'ai été conquis par cette question "comment peut-on vivre ainsi au 21ème siècle?" qui restée sans réponse avec les troubles que nous y avons trouvés dans des crises multiformes. Nous vivions dans un luxe indescriptible en Amérique sans nous en rendre compte.
Cette parenthèse m'a fait réfléchir sur moi-même et sur notre mode de vie.
Ma maladie de bourlingueur, de pigeon voyageur s'en est assagie d'autant ces derniers temps.
Je me dois de remonter bien plus loin dans le temps aux sources de mon moi et peut-être de mon mal. Désolé si je me répète. Si maintenant, j'avais un ordinateur et un traitement de texte, je les supprimerais. Mais si je peux déchirer ma lettre et la recommencer, si je peux faire des ratures, je ne peux pas changer l'ordre de mes pensées et les déplacer. J'écris mes pensées du moment au crayon, en vrac avec une gomme comme seule outil de correction.
C'est pour cela que j'ai laissé mûrir mes souvenirs dans un journal dont j'ai repris les épisodes sans les réécrire totalement.
J'en suis devenu insomniaque, inquiet, toujours à l'attente d'un événement qui allait tout remettre en question, me plaisait pour te les raconter dans le silence de la nuit.
Mon odyssée sous forme de lettres, je l'ai donc organisée dans l'espace de temps d'une année.
Je t'assure, te l'écrire par petites doses, ce fut une putain d'adrénaline difficile à mettre en boîte...
Quand j'ai changé mon fusil d'épaule, j'ai commencé à vivre des aventures rocambolesques sans être narcoleptique, sans plus savoir si comme acteur, je rêvais ou si j'étais éveillé dans le monde réel.
Avant cela, je n'ai jamais eu le temps de beaucoup rêver ou alors j'ai dû oublier de vivre dans ma fuite en avant.
Dormir pendant deux ou trois heures en moyenne sans me sentir fatigué, a été mon lot pendant les quelques dernières années.
Tu sais, on s'habitue au rythme du pourrissement de sa vie sans s'en rendre compte.
Avant, tout vivre dans le réel est peut-être encore plus stressant que de voir un thriller à la télé.
Alors, prépare-toi à un mélange de rêves et de cauchemars qui se perdent au travers de mes péripéties.
Notre pays connaît un retournement de situation actuellement avec les élections d'un nouveau président qui se prépare en coulisse.
C'est parti...
Tourne la première page...
Les pages qui suivent, à raconter ma vie mixée avec elle-même mais sans toi.
J'y ai ajouté des dates. Elles ne veulent peut-être rien dire sans références communes.
Ce sont celles du jour où je les avais écrites.
Elles n'ont pas écrites que sur le vif mais sans le recul du temps.
Ce temps avait-il réellement un besoin d'être localisés dans le temps ?
Je ne suis pas si sûr.
Lis mes lettres comme si c'était un feuilleton à suspense à la télé.
J'ai dit à Ted, le facteur de ce courrier, de ne pas signer sa lettre pour qu'il ne soit pas impliqué ni inquiété par mon histoire dans la suite.
Ne compte pas que je te donnerai des détails secrets et stratégiques qui pourraient me faire reconnaître si mes lettres étaient lues par des personnes non-autorisées.
Ce que tu liras ce sont plutôt des souvenirs, des observations et des anecdotes qui me sont venues à l'esprit au moment où je les ai écrites.
Je t'embrasse.
Ton John,
Clara s'arrête de lire, pensive.
Elle relit la dernière lettre.
« Ai-je vraiment mal compris John pendant tout ce temps », se dit-elle.
« Il ne lui a jamais demandé si elle aimait les voyages. Comment a-t-il pu le penser ? Oui, je n'aime pas les dangers, mais à part cela », continue-t-elle.
Ces lettres sont un testament d'un mort d'une sincérité qu'elle ne connaissait pas de la part de John.
Elle avait parfois senti une gène, mais elle n'avait jamais été plus loin pour le faire parler plus intimement.
Elle se rend compte de son erreur de ne pas l'avoir forcé à parler pour souder encore mieux son couple.
Depuis le moment où on lui avait appris sa mort, qu'elle l'avait revu bien vivant ensuite, tout lui apportait des chocs existentiels avec des effets retards.
John n'était pas en correspondance avec l'image qu'elle s'en faisait.
Elle se sent obligée de retracer le passé en mémoire avec une impression de revivre certains moments de déchirure.
Une question qui revient lancinante et l'a fait frémir.
Et si John était une nouvelle fois tombé dans un piège ?
Etait-il vraiment vivant depuis qu'elle l'avait revu ?
Pas question d'appeler ou d'écrire à John en Égypte pour lui dire que ces lettres lui sont parvenues.
Elle ne connaît même pas sa nouvelle adresse.
Non, je ne peux, je ne veux pas revivre cela...
Carla allume la radio. Une vieille chanson "The sound of silence" inonde la pièce.
Elle passe à la lettre suivante.
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Chapitre 05: 20 mars 2015
Chère Clara,
Ce qui va suivre, va t'apprendre comment je suis devenu agent secret.
Tu as appris mes envies de voyages comme premières raisons dans une phase fébrile.
Elles n'expliquent pas tout.
Reculons d'un grand bond en arrière dans le passé.
Mes parents, tu les as rencontrés mais tu ne les as pas connus vraiment.
Leur couple était loin d'un poème d'amour.
C'était toute une partition dont j'ai eu à interpréter les notes discordantes ou dodécaphoniques.
J'étais presque sûr qu'ils ne s'aimaient pas vraiment ou que si cela avait été le cas, c'était à cause de moi au début de leur mariage que je n'ai pas eu le bonheur de connaître.
Il a fallu trois ans après leur mariage pour que j'apparaisse sur cette terre et cinq autres années pour que je me rende compte du résultat de leur union qui ne survivait que par l'habitude et une morosité partagée et acceptée.
J'avais progressivement senti chez eux comme une rupture, si pas une déchirure, avec la société et le monde.
Enfant, si j'acceptais des réflexions telles que les « il faut que tu... », une fois adolescent, quand la formule devenait « il faut que l'on... », enregistrée sur un disque rayé, cela ne passait plus chez moi. Je traduisais par "fais ce que je dis mais pas ce que nous faisons".
C'est dire à quel point leurs conseils restaient lettres mortes alors qu'ils ne respectaient aucun de leurs conseils dans leur couple.
Le moins que je puisse dire, c'est que j'ai très vite eu un besoin immense d'air pur et de grands larges au milieu de ce jeu de quilles qui s'entrechoquaient bêtement.
Bien avant notre mariage, j'avais choisi toutes les occasions et opté pour toutes les opportunités de prendre ma liberté en m'éloignant d'eux et de leurs nombreuses disputes.
Tout était bon pour me désenclaver des obligations que mon père m'avait ingurgités et infligées à la petite cuillère comme un leitmotiv religieux dénué complètement de fantaisie.
Avant notre rencontre, je n'étais pas parvenu que partiellement à sortir de ce monde clos et méli-mélo.
Je suis sûr que mes lettres te paraîtront plutôt sèches, dénuées de sentiments.
L'enfance qu'on le veuille ou non, reste ancrée dans nos circuits intégrés.
T’épouser, alors, m'avait apporté une nouvelle porte de sortie, un nouvel alibi ou une nouvelle justification personnelle pour leur prouver que la vie était autre chose que celle qu'ils vivaient et dont je me désolidarisais.
Si tu aimes les romans noirs ou, à la rigueur, une comédie grise sans suspense, sans péripéties, c'était ça.
Chez mes parents, chaque acteur y revivait en permanence ce qu'il avait vécu la veille sans se rendre compte de la répétition.
La meilleure simulation de leur situation se retrouvait dans le film « Groundhog Day” (« Un jour sans fin » ) dont le scénario se renouvelait (le mot est mal choisi) par des réflexes conditionnés en réaction au dogmatisme de mon père, passeur de leçons trop rigoristes mal adaptées à celles de ma mère qui les subissait sans rien le constater.
Celle-ci était une véritable pile électrique, possessive tout autant qu'agressive.
Elle lançait ses décharges sur tout ce qui ne lui plaisait pas mais pas sur elle-même.
Ce qui apportait évidemment beaucoup de potentiel de disputes.
Dans le fond, à y réfléchir, peut-être en voulait-elle à la terre entière de n'avoir pas eu la vie qu'elle rêvait secrètement dans une ville auréolée de gloire comme on le voit dans les films sortant de Hollywood et qu'elle aimait regarder à la télé.
Si après coup, elle reconnaissait ses erreurs de jugement, c'était vite oublié et cela recommençait de plus belle.
Jamais responsable, elle ré-aiguillait ses humeurs par contumace sur mon père qui n'avait plus pris le droit de réponse devant moi alors pour moi, par ricochet, je recevais les balles perdues.
Quand elle avait perdu une bataille, elle venait dans ma chambre mansardée où je m'étais réfugié en attendant la fin de l'orage, pour me donner sa version des faits de la dispute dont elle venait de subir la défaite.
J'écoutais mais je ne répondais pas. Quand on ne peut changer les faits soi-même, à quoi servirait de répondre.
Chercher des responsabilités en moi m'indisposait n'y voyant qu'une suite logique dans leur manque d'amour.
Si la télé complétait parfois le vide de ses connaissances et si son potentiel d'imagination et d'entendement était dépassé à la vue d'un spectacle ou d'un documentaire de paysages, mon père zappait jusqu'au moment où il voyait un match de base-ball.
Mon père n'avait ni reçu une instruction avec des qualifications empruntes de modernité qui lui auraient permis d'aller chercher ailleurs d'autres occasions plus rémunératrices d'opinions.
Pour cette raison, je ne lui en tenais pas rigueur même si je ne supportais plus que difficilement, cette vie recluse dans un passé immuable.
Un jour quand ma mère lui avait cassé les pieds, j'ai essayé de faire comprendre à mon père, à mots voilés, qu'il pouvait quitter ma mère et que, comme j'étais devenu assez grand, je n'y verrais aucun inconvénient.
Il m'a répondu :
-Tu connais ce qu'on dit à l'église quand on se marie ?
- J'imagine mais je ne suis jamais passé par là. J'ai assisté à d'autres mariages sans entendre ce que le pasteur disait.
- Le mariage est un sacrement. On se marie pour le meilleur et pour le pire. Ce serment, je l'ai fait devant notre pasteur. Je resterai avec ta mère jusqu'à la fin pour le respecter.
Je n'insistais pas, sentant que j'avais touché un point sensible de son blocage.
Peine perdue, de le lui avoir fait remarqué, donc.
Mon père avait des moments de faiblesses.
Il savait qu'il avait perdu face à ma mère depuis longtemps, plus proche des réalités de l'intendance de la maison qu'il ne l'a jamais été.
Probablement, une journée de fatigue en revenant de l’atelier de menuiserie qui l'employait, mon père m'a parlé.
Il a tenté de se justifier en m'apportant une nouvelle fois, sa philosophie de l'infinité du temps et de l'espace... et surtout de l'entretien de son jardin.
En échange, comme je savais qu'aucune réponse proactive ne serait suivie d'un changement à mes confessions, je n'aurais jamais insisté pour lui dire "j'ai compris".
Dans le fond, la routine ne devait pas lui déplaire totalement.
Tu as entendu parlé des Amish.
Nous n'en faisions pas partie, mais nous avions quelques similitudes avec cette communauté. Ce n'était que les ustensiles et les vêtements plus modernes qui apportaient une différence, une "customisation" par la forme mais pas par le fond.
Dans le fond, parfois, j'ai dû penser que j'étais tout de même partiellement responsable et d'être un trouble-fête, d'être un accident de leur vie qui ne leur avait pas permis d'exaucer leurs intimes volontés dans l'existence.
Le village dans lequel notre famille habitait, était perdu au milieu de nulle part à proximité de la Route 66 qui traverse le pays.
C'était un petit village frappé de plein fouet par la désertification programmée qui attendait que les derniers habitants disparaissent par l'usure du temps. Si tu te rappelles de la chanson "Bagdad café", c'étais ça que nous vivions ensembles physiquement mais complètement séparés moralement.
Il y avait tellement peu d'habitants que tout le monde se connaissait par cœur.
Ces habitants s’observaient et connaissaient le caractère de ses voisins et comment les faire plaisir ou au contraire, les déplaire.
Ce que ses habitants pensaient, ce qu'ils allaient faire de leur journée, ce qu'ils allaient dire pour entamer une conversation quand ils se rencontraient, tout était en grande partie programmé comme sur du papier à musique.
C'était une petite maison avec un grand jardin dont mon père avait fait son éden sur terre et son lieu de retranchement.
Le feuilleton de « La Petite Maison dans la prairie » (« Little House on the Prairie » ) avec la famille Hingalls a bien rendu cette vie de campagne mais sans le bonheur qui s'y retrouvait.
Mon père était un vieux pilier de notre village.
Je ne l'ai jamais vu sortir du village très longtemps ou j'ai oublié ou il était parti en cachette à la ville la plus proche, sans qu'il ne me l'ai raconté.
Le truck servait pour les déplacements utilitaires. La grande ville se trouvait à plus de deux cents miles.
De toutes manières, je n'en aurais pas gardé un souvenir impérissable.
Des grands voyages, mon père en avait une sainte horreur.
Dès qu'il voyait un accident d'avion à la télé, il sortait une phrase mythique du style :
- Tu vois ce que c'est de vouloir partir.
- Oui, mais ils auraient pu vivre une autre vie. Nous aussi d'ailleurs. On aurait pu aussi voyager », répondait ma mère pour l'affronter.
- Tu es folle. On n'a pas l'argent pour faire ce genre de folies dépensières.
De l'argent, il en gagnait peut-être pas à la folie, mais cela ne permettait pas de lancer une telle réplique pour tout expliquer. Quant à ma mère, elle faisait des travaux de couture à la maison qui lui rapportait quelques dollars pour arrondir les fins de mois.
Pour lui, le jardin était sa seule passion et rien ne pouvait subsister en dehors de cet espace restreint. Il y allait pour remuer la terre et visiter ses légumes.
C'était sa retraite de Russie qui lui permettait de s'échapper de la prison factice sans barreaux dans laquelle il s'était fait un patrimoine intangible.
Avant le repas, il marmonnait des bénédicités en automate qui ne disaient pas tout.
Il s'était imposer un enfer à vivre en compagnie des autres et de lui-même.
La sortie du dimanche matin, un rite immuable commençait à l'église.
La messe et le sermon du pasteur qui n'avait rien d'original, extraits de la Bible, lus et relus invariablement avec des vibrations dans la voix.
Puis, tout le monde rentrait dans ses pénates, mal dans sa peau.
Pour mon père, cela se poursuivait parfois par une virée avec les copains dans le seul saloon du village.
Les petites maladies du village étaient, alors, racontées et gonflées pour gagner une case sur l'échelle d'intérêts des convives présents.
Pas à dire mais, pendant son absence, on se croyait téléporté au temps des westerns de pionniers avec les Indiens qui avaient retrouvés dans leur tribu après une victoire sur les blancs.
Il ne manquait que ces indiens avec leurs flèches et des winchesters en paroles pour réagir à leurs attaques.
Rien n'était programmé pour que cela puisse changer un jour.
Ma mère était une femme d'intérieur tout en rêvant d'ailleurs.
Mon père, l'homme de proximité et de convenances.
Nous sommes tous, sans le savoir ou le vouloir, les principaux artisans des impasses dans lesquelles nous aboutissons coincés dans les ornières des chemins.
Je sais que je l'ai déjà dit, mais je répète, la naissance de mon envie de voyager dans le monde était venue en réaction à l'immobilisme de mon père, de l'isolement et du manque de nouveautés dans lequel on vivait dans notre famille.
Je n'ai jamais regardé ce que mon père lisait, mais j'étais sûr qu'il ne cherchait pas à combler ses lacunes avec le reste du monde.
Un jour, je m'étais rebellé en disant que la vie explosait partout ailleurs, sous d'autres horizons dans les grandes villes comme New York avec ce conseil:
- Papa, tu devrais lire des romans, des fictions qui te feraient sortir de ton environnement. Achète un roman qui parle de la Pomme.
Il s'était fâché avec une main élevée au dessus de sa tête.
-Voilà qu'on m'oblige à lire ce que je n'aime pas. Que je dois aller vivre dans ces grandes villes de malheur. Où va-t-on. Ce n'est pas toi qui fera la loi dans cette maison, m'avait-il répondu.
Comme pour l'appuyer et me contredire à mon tour, ma mère était venue jouer dans ses cordes.
Je pense qu'elle avait compris qu'il fallait ce genre d'occasions pour ressouder les liens dans son couple en gagnant des points fusionnels contre lui par moi.
Encore une fois, ce Syndrome de Stockholm nous avaient mis dans un état de solidarité dont je ne faisais simplement pas partie.
Après cette engueulade paternelle et péremptoire, je m'étais réfugié une nouvelle fois dans ma chambre pour reprendre la lecture d'un livre de voyages que j'avais entamé et que, de rage, j'ai lu d'une traite jusqu'à la dernière page à partir de la nuit tombée jusqu'au matin, sans dormir.
Des livres, parlons-en.
Ceux que je lisais, faisaient partie de ceux que je retrouvais dans le magasin le plus proche qui n'avait rien d'une librairie.
C'était plutôt un mini super-bazar dans lequel on trouvait tout ce qui était utilitaire dans le village plus que des livres culturels que pas beaucoup de monde achetait et qui n'étaient pas souvent transformés par de nouveaux arrivés.
Ils correspondaient à ceux que l'on rencontrait des années auparavant dans les grandes villes.
Un jour, comme récompense d'un incartade d'opposition avec eux (- si l'on peut dire - ), mon père et ma mère, de commun accord, m'ont envoyé en internat dans un Collège considéré, par mon père, comme étant parmi les écoles de la disciple où on allait forcément m'instruire mais aussi me mater.
J'étais content d'échapper de la maison et de me retrouver en internat dans cette école.
J'y ai suivi un enseignement ultra-classique dans une atmosphère de compétitivité à outrance mais c'était déjà un mieux indéniable.
L'école n'était pas vraiment une réponse ni une chance pour répondre à mes désirs d'évasion dans le monde, mais j'y trouvais une compensation quand on y parlait de ce qui me passionnaient comme les mathématiques et surtout la géographie.
Les chiffres m’apportaient l'abstraction.
La géographie, une vision de l'immensité du monde.
Quant à la littérature, je l'avoue, j'avais des préférences très spécifiques et j'éliminais la littérature trop romantique ou trop poétique.
Quand on a un peu ce qu'on appelle la bosse des maths, je me suis senti très vite repoussé par ceux qui ne « mordaient » pas dans ce gâteau de la connaissance.
J'avais pris le nom de cire-pompe ou lèche-cul souvent comme premier de classe.
Un professeur avait compris que j'avais l'étoffe d'un surdoué, qui me le faisait sentir mais, à quoi bon, le pousser plus avant quand l'environnement ne s'y prête pas.
Être considéré comme un phénomène, cela apporte en plus, une foule de complexes pour un solitaire que j'étais devenu.
On sort de la normalité et on vit dans un monde en vase clos dans lequel on ne se confie pas facilement de peur d'être mal compris par son interlocuteur immédiat et de finir par être rejeté par tout le monde.
De la solitude, j'en avais fait une maîtresse de la sagesse bien malgré moi..
Des copains, j'en ai eu peut-être mais jamais eu de vrais amis qui s'accrochent longtemps à mes basques.
J'en arrivais à aimer la discipline dans la vie d'étudiant.
Ce qui rendait ma position encore plus mal vue par les autres.
Cette école m'a plus appris la solitude et l'indépendance plutôt que l'esprit de groupe.
Elle a certainement dû laisser des traces répercutées dans ma vie d'adulte.
Un signe qui ne trompe pas, je n'ai jamais eu la moindre envie de retrouver mes anciens condisciples ni de revoir l'école.
Arrivé à mes 18 ans, j'ai presque exigé d'être envoyer à l'école militaire la plus proche qui naturellement se trouvait trop éloignée pour permettre de revenir au village plus qu'un week-end sur deux.
Je fus envoyé à l’académie militaire de West Point.
Les voyages organisés par l'académie n'allaient pas bien loin mais ils permettaient de m'ouvrir l'appétit aux voyages et complaire mon esprit emprunt de discipline.
Le diplôme en poche, j'ai quitté l'armée et j'ai immédiatement cherché à utiliser mes connaissances à mon compte dans le secteur privé.
J'avais écrit à mon père pour lui faire part de ma nouvelle situation bâtie de fierté personnelle et de mes sentiments envers ma mère.
Mon père m'avait répondu :
- Ne t’inquiète pas. Ne pense pas à cela, elle a toujours eu ce sentiment d'avoir raté sa vie. Ce qu'elle reproche tout à tout le monde qui veut l'écouter de bonnes grâces. C'est pour t'éloigner que j'ai consenti à t'envoyer dans un internat assez loin de la maison.
Donc, ce n'était pas ma mère qui m'avait poussé à poursuivre mes études, mais lui et j'en étais tellement heureux à un point que tu ne peux imaginer.
J'avais répondu à mon père par une autre question sans être assuré de recevoir une révélation:
- Qu'est-ce que tu aurais aimé faire de ta vie si tu pouvais remonter le temps ?
Je fus désarçonné par sa réponse.
- Je partirais sur un petit bateau à moteur pour sillonner la rivière qui passe par le village.
Surpris, je n'ai pas osé lui demander pour aller où ?
Ce genre de confidence ne se représenta pas.
C'est dommage car c'est à cet instant qu'il avait repris beaucoup d'estime dans mon esprit.
Quant à ma mère, qui m'avait envoyé en internat, je ne lui ai pas demandé si c'était pour m'écarter de la maison parce qu'elle m'avait aimé.
Était-ce pour elle, aimer mon père que de l'avoir cloisonné et de l'avoir empêché d'avoir son petit bateau pour partir sur la rivière ?
J'en ai eu plusieurs années après la confirmation d'être mal-aimé par ma mère.
Elle avait dû avoir des ratés du côté de l'esprit maternel.
Il faut plus toujours difficile de comprendre l'intimisme de quelqu'un d'aussi proche que sa mère. La différence de sexe peut-être.
D'ailleurs, à quoi servent les questions qui restent sans réponses ?
A rien.
Quelques années après, j'avais appris qu'ils avaient tout de même déménagé dans la ville la plus proche mais plus animée.
Je me suis demandé si c'était moi qui les avaient bloqués dans ce village perdu de tout et que mon absence les avaient débloqué.
Dans la ville, mon père y a exercé le même boulot et ma mère a commencé bizarrement du baby-sitting. La connaissant, cela m'avait vraiment étonné.
J'ai appris par la bande que son entourage la considérait pour folle auprès de ses propres clients qui leur apportaient leurs enfants pour en faire la garde.
Plus tard, elle les avaient perdus un à un et s'était à nouveau renfermer dans les travaux ménagers.
De mon côté, j'avais démarré seul une petite société d'import-export.
J'ai tenté d'apprendre comment parer les coups du sort et des deals commerciaux en me réconfortant par l'idée que j'effaçais mon passé.
Avide de nouveautés, je vivais de nouvelles aventures à la recherche de la résolution de la quadrature du cercle dans l' « American way of life » dont j'ignorais l'existence et surtout les risques.
J'ai raconté à mon père, avec un certain plaisir, certaines réussites commerciales en controverse à tout ce qu'il affirmait avec force et caché ce qui n'allait pas et sans raconter mes échecs souvent dus à un manque de fonds.
Je me rendais compte que je luttais souvent contre moi-même.
Il n'est pas toujours intéressant de rester dans sa propre tête.
Sans l'avoir compris, je n'avais pas vraiment des dons pour la vente.
Je me suis associé à un gars qui présentait bien pour la vente et qui avait beaucoup plus de bagou que je n'avais jamais eu.
Différences énormes de manière d'être et d'agir.
Cela a aussi créé des disputes entre lui, plus dynamique, et moi trop financier.
Souvent, une foule de petits événements anodins s'accumulent et explosent quand on ne s'y attend plus.
Les disputes finissent toujours par s'apaiser par le renoncement d'un des partis en présence.
Elles m'ont souvent servi par après pour comprendre les techniques du compromis avec le courage et l'honnêteté dans les relations humaines.
Mais je remarquais que c'était parfois une réédition de ce que j'avais connu dans le couple de mes parents.
Folle ou non, de toutes manières, c'est toujours difficile de se retrouver dans les pensées des autres.
John,
..
Chapitre 06: 25 mars 2015
Chère Clara,
Je vivais seul dans un petit appartement. quand je suis allé en vacances au Mexique.
C'est là que je t'ai rencontré.
Notre rencontre à Acapulco a changé ma vie.
Je ne pensais pas que cela puisse m'arriver un jour.
Je t'ai raconté les relations que j'entretenais avec mes parents et ce que cela avait généré comme retombées principales sur mon propre caractère.
Je pensais presque que des époux finissent toujours comme mes parents avec le temps.
Très jeune, j'avais planifié mon existence de manière linéaire sans penser à fonder de famille.
Puis notre rencontre a été, comme on dit, « un coup de foudre »i.
Un coup de foudre, je ne savais pas ce que cela voulait dire, mais si cela existait, cette rencontre avec elle, devrait y ressembler furieusement.
Tu étais l'inverse de moi.
Tu était gaie, spirituelle, drôle et en plus, ne semblais ne pas avoir peur de la vie qui déteint au travers d'un brin de fatalisme bien caractéristique de l'éducation judéo-chrétienne de mes parents.
Ta joie de vivre, ta curiosité de tout m'ont séduit.
Même quand cela n'allait pas, tu parvenais à retourner la situation pour qu'elle devienne amusante.
Tu apportais parfaitement l'autre face d'une pièce que je ne connaissais pas dans mon état lattent d'enfermement d'où je venais dans l'enfance.
Les arts m'étaient relativement inconnus.
Tes qualifications artistiques ont comblé mon manque.
Mes compétences techniques par rapport aux tiennes étaient bien théoriques par rapport à ton côté pratique..
Au Mexique, l'enseignement familiale n'était probablement pas toujours au top pour les gens qui ne peuvent payer des études poussées et pour entrer dans une carrière professionnelle classique, mais tu avait ce complément que je n'avais pas : la joie de vivre même sans rien avoir en poche.
Tu trouvais des solutions aux problèmes quand je les voyais presque insolubles.
Mes tournures de phrases peuvent te sembler désuètes et traduisent mes difficultés à dialoguer avec toi. Désolé j'utilise alternativement le temps des verbes au passé et au présent.
Plus introverti que moi, c'était difficile à trouver.
Tu m'a bien plus déluré en quelques mois que pendant toutes mes années d'enfance.
Cela a été dure de traverser le temps du 19ème siècle à la modernité.
Les histoires d'amour trop osées, prohibées par la bien-pensance chrétienne, n'existaient pas d'où je venais.
Les jeunes filles et les garçons allaient à des écoles séparées et ne se coudoyaient qu'en cachette.
Quand à l'occasion de cette fin d'année 1994, je l'ai présentée à la famille, j'étais presque certain que vu ton origine latine mexicaine, tu ne serais pas appréciée à ta juste valeur et que des apartés entre eux tenteraient de ternir nos relations. Une immigrée dans la famille, métisse de surcroît ; c'était pire que tout.
D'après moi, nous devions recevoir leur consentement à notre union. C'était faux.
Le choc des cultures, du niveaux d’éducation était inévitable, mais je m'en fichais.
Quand je t'ai présenté à mes parents, tu as su trouver les mots justes pour les intéresser à ta condition et à ta manière de voir ce qu'était un couple alors qu'ils étaient toujours en mal de trouver leur propre chemin dans le même contexte.
Tentative de séduction que je n'avais pas eu à faire avec tes propres parents qui m'avaient accueilli les bras ouverts.
Comme tu vois, avec le temps, on se pose de terribles questions.
Est-ce que j'allais pouvoir être vraiment heureux en couple ?
Allais-je moi-même, construire le bonheur que mes parents n'avaient pas pu réaliser ?
Deux questions dont je n'ai pas cherché de réponses avec des arguments adéquats.
« L'enfer, c'est possiblement les autres », avait avancé Jean-Paul Sartre.
Appréhender l’existence face aux événements, nous plonge dans la jubilation ou le pessimisme
Il fallait que tu viennes d'abord vivre avec moi pour ressentir la différence de niveau de vie avec mon pays toujours réglé sur les compétences et le capitalisme débordant.
Tu devais obtenir cette fameuse Green Card pour devenir une véritable américaine avec une langue anglaise plus qu'approximative.
Tu as dû supporter des désenchantements de l'exil et les mirages de l'émigration.
Les Américains sont très ouverts lors de rencontres furtives instantanées, mais il ne faut pas les bousculer en s'incrustant trop longtemps.
Je t'ai demandé de m'épouser alors que je doutais encore de moi.
La date du mariage a été fixée très vite.
J'avais dû avoir peur de faire marche arrière et à renoncer au mariage.
J’espérais seulement qu'avec le temps, je ne tromperais pas tes espoirs.
Nous avons déménagé en Floride.
Puis, très vite, notre fils Stephen est arrivé.
Je te voyais comblée.
Il allait fixé ma propre vie.
Je ne te l'ai pas dit, mais j'ai paniqué quand tu m'as dit que nous allions avoir un bébé.
Je l'espérais mais pour bien plus tard.
J'ai fait un effort de sédentarisation avant de me demander comment j'allais pouvoir goupiller ma vie d'entrepreneur avec la vie de couple.
Stephen m'obligeait une nouvelle fois à changer quelques plans de vie pour moi qui aimait voyager à me trouver toujours ailleurs.
Quand tes parents avec lesquels tu entretenais des contacts fréquents, sont morts dans un accident de voiture, cela a été un choc pour toi autant que pour moi.
Je les aimais beaucoup.
Puis, pour l'entreprise, mes voyages à l'étranger ont recommencé.
Depuis, ce chez moi a toujours été considéré par moi comme un hôtel de passage dans lequel je reviens pour me reposer avant de me relancer dans de nouvelles aventures et dans des voyages au bout du monde.
Depuis un certains temps, j'avais des affaires qui me prenaient de plus en plus de temps.
Je devais aller voir des clients très éloignés qui se foutaient complètement de ma situation de jeune père.
Les clients ne comprennent que pendant un temps que le fournisseur a des obligations familiales.
Le leur rappeler est du temps perdu.
Ils ont parfois aussi des clients à satisfaire dans une chaîne d'intermédiaires.
Un Américain prend son travail trop à cœur avant sa famille et le reste de la vie privée.
Il s'en sent obligé comme s'il est obligé de sillonner son pays pour trouver des prospects.
Quand on ne compte plus en kilomètres mais en heures dans ses déplacements, cela rabotent d'autant le temps.
L'avion et la location de voiture sont devenus mes outils de travail.
« La fascination américaine que procure le pouvoir force à se réinventer en permanence dans des actes », écrivait Francis Scott Fitzgerald.
On n'y joue pas une pièce de théâtre dissidente avec des rôles divers aussi facilement qu'on le devrait pour transgresser la bien-pensance puritaine.
Loin, je pensais à toi et espérais ta fidélité à m'attendre.
Quand Stephen est arrivé, tu as préparé à merveille la maison pour son arrivée.
Sa chambre était prête comme par miracle sans que j'intervienne.
Tu l'avais peinte en bleu dès que nous avons su qu'il s'agissait d'un garçon.
Il a pris une importance à tes yeux que je t'ai admiré comme suiveur.
Avant Stephen, dans des moments de réflexions, je m'étais demandé quel père j'aurais été.
Cette fois, j'avais une partie de la réponse.
Elle n'était ni probante ni évidente.
Puis, je repartais...
Les voyages reprenaient ainsi leur travail de sape d'un ménage américain.
Qui a dit que le plus beau voyage est celui qu'on n'a pas encore fait ?
Un illuminé comme moi, probablement.
John
..
Chapitre 07: 18 juin 2015
Chère Clara,
Quand je suis rentré à la maison, je ne t'ai pas tout dit.
Je t'ai souvent menti par omission.
Tu étais trop heureuse pour que je te raconte ce qui se passait dans mes affaires.
Dernièrement, je m'étais engagé dans une grosse affaire d'import-export avec un associé.
Il m'a secondé au début, puis il a voulu aller trop rapidement et nous avons perdu de gros clients.
Il se croyait invulnérable.
Quand il subissait un échec, il tenait pour responsable tout son entourage.
C'était un vendeur qui aurait pu vendre de l'eau à un noyé dans ses derniers soupirs. Mais il faut que les clients fassent les premiers pas par leurs envies sérieuses.
Quand je revenais de voyage de prospection, étonné, je me ramassais une pelle de clients mécontents sans l'avoir recherché.
C'était à moi d’essuyer l'inondation qu'il avait généré chez les clients.
Avec les blagues qu'il racontait au client, il avait le beau rôle et j'ai fais le vide autour de moi en jetant des pavés dans la marre et en m'éclaboussant en même temps.
Être rêveur n'est pas un problème, mais il faut assumer ses rêves jusqu'à leur installation dans la réalité.
Mon associé me faisait honte dans ce jeu de dupe dont j'étais le soi-disant responsable.
Au début, je l'ai laissé dans ses illusions quand la situation le permettait.
Progressivement, pourtant, j'en avais marre de ses idées rocambolesques et actions de matamore alors que la crise commençait à poindre.
Plus moyen de cacher mon amertume et de dures disputes ont commencé.
Avec d'autres que toi, je mentais difficilement.
Ma franchise tournait à la gaffe en finissant par dire un « merde » retentissant.
Lui et moi, si rien ne changeait, je présentais la faillite et il semblait ne pas le sentir.
La faillite arriva plus vite que prévu.
Je voulais ne rien laisser paraître de ma colère au retour à la maison pour te laisser vivre comme tu le faisais.
Je ne voulais pas t'impliquer dans ce désordre personnel.
Je suis rentré à la maison et tu m'as raconté l'histoire banale de ton amie avec laquelle tu riais, tu m'as fait rire et j'ai oublié tous mes problèmes pendant le reste de la soirée que nous avons eu ensemble.
Je ne me rappelle plus vraiment mais il s'agissait d'une confidence qu'elle t'avait faite sur sa manière vivre avec son homme du moment.
Merci Clara... merci pour ton humour.
J'espère que tu l'a remerciée en mon nom pour son histoire.
Ce matin, je suis reparti le cœur plus léger au volant en repensant à cela.
Je ne savais plus où aller...
Je t'embrasse...
John,
Clara se rappelait de l'accueil froid qu'elle avait reçu, lors de cette première visite chez les parents de John.
Elle ne lui en avait pas tenu rigueur.
Il ignorait toute l'histoire concernant l'enfance de John.
Elle en avait un peu plus compris les finesses quand ils s'étaient rencontrés au faux enterrement de John.
La chanson de "I'm calling you" du film "Bagdad café" lui revint dans la tête.
Elle ne s'imaginait pas comme cette touriste qui avait quitté son mari et échoué en plein désert au Bagdad Café sur la Route 666 avec, pour tout bagage, une valise contenant sa garde-robe mexicaine et un jeu de magie.
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Chapitre 08: 30 juin 2015
Chère Clara,
Après la faillite de mon entreprise, je suis entré dans une période sombre.
Dépité, je me sentais dépassé par les événements comme un homme qui n'avait pas pu s'adapter à la vie moderne.
Je ne pensais même pas pouvoir rebondir après cet échec en me rappelant de l'immobilisme et du défaitisme dont mon père avait preuve.
Par la porosité de ses idées, je ressentais cette faillite comme une déchirure personnelle.
Ceux qui réussissent ne sont probablement pas autant incorruptible que je l'étais et rebondissent en très peu de temps.
Un Américain dans les affaires a pour habitude de rebondir quand il a atteint le fond.
Dépressif, je me mentais à moi-même.
Depuis le début de la déchéance, honteux, je me sentais obligé de rester dans le mensonge par omission vis-à-vis de toi.
Je faisais semblant que tout allait bien. J'interceptais les lettres qui avaient un lien avec cette faillite.
Désœuvré, quand je quittais la maison, j'ai commencé à fréquenter les bars et à boire en cachette.
Un verre puis un autre et puis encore un autre.
Avant de rentrer à la maison, je me rinçais la bouche pour en extraire l'odeur de l'alcool.
Assis sur un tabouret de comptoir, je regardais devant moi, vidé de toutes substances.
Je vivais une véritable fuite en avant sans avoir beaucoup réfléchi aux conséquences.
Plus le temps avançait, plus je m'enfonçais sans plus pouvoir m'en sortir.
J'avais encore de l'argent en banque, mais je n'avais plus rien d'autre à qui confier mon désarroi.
Combien de fois, j'ai hésité de te mettre au parfum de ma descente dans les abîmes de l'incertitude.
J'ai essayé, une fois, je me souviens, quand mon trouble était trop fort et que j'avouais que j'avais une grosse affaire qui tombait à l'eau.
Tu m'avait souri.
Tu étais visiblement à mille lieux de la profondeur de mon trouble et de ce que je pensais te raconter.
J'ai abandonné. Je n'ai jamais recommencé et j'ai continué à tout prendre sur moi.
Relancer une autre affaire ou se laisser engager pour le compte d'une firme commerciale, n'avait pas l'heur de me plaire.
Quand on a été administrateur et son propre chef dans une entreprise, cela devient un dilemme.
Je ne voulais pas recréer le passé.
Dans ce genre de périodes de détresse, on devient une proie pour des observateurs ou des observatrices avisées.
Mon ancien associé retrouva plus vite que je ne l'avais pensé, une autre fonction sans tomber de dépit.
Un jour dans une taverne en me demandant ce que j'allais faire avec un verre devant moi, une femme s'est approchée.
Elle était jeune. Elle m'a parlé. Elle en connaissait bien plus de la vie que je pouvais l'imaginer.
Elle avait eu des aventures sentimentales sans lendemain, mais elle les racontait avec humour.
Je lui ai parlé de ma faillite. Elle a ressenti ma détresse.
Les confidences mutuelles se sont échangées.
Séductrice, elle savait parler et consoler.
Un lien d'amitié s'est établi comme entre deux paumés.
Je la retrouvais le lendemain et le surlendemain.
Avec elle, le vide en moi se remplissait progressivement sur un remonte pente douce.
Je devais avoir atteint le plancher de mon désarroi.
Le côté machiste qui existe en tout homme, me faisait penser que je valais encore quelque chose.
Tomber amoureux, je n'aurais pas pu, mais elle mettait un pansement sur ma déchirure.
« Tomber amoureux, c'est ne voir que le bon côté que l'on veut voir et entendre ce qui sied à nos oreilles », comme disait quelqu'un dont j'ai oublié le nom.
On ne prête pas attention aux problèmes à mettre en concordance avec des désirs innocents alors qu'on met les siens entre parenthèses.
Je me suis laissé prendre au jeu de la solitude partagée.
Elle a essayé de m'entrainer dans son lit.
Ne t'inquiète pas, cela n'a pas marché et il n'y a pas eu de deuxième essais de repêchage.
Un jour, elle et moi se sont rendu compte que son rôle de samaritaine allait finir.
D'un commun accord, nous avons coupé tous nos contacts. Je ne suis plus retourné dans cette taverne de nos rencontres.
Mais elle m'avait remonté le morale.
Peut-être, moi-même lui ai-je servi. Je le lui souhaite.
Cette histoire était plombée par quelques remords et une lâcheté que j'avoue aujourd'hui.
Je me devais de te raconter cet épisode intermédiaire dans ma vie.
Un jour, en consultant un journal, j'ai découvert une offre d'emploi qui ne précisait pas le nom de l'employeur mais qui correspondait à mes compétences.
Une opportunité nouvelle germait dans ma tête.
L'espoir renaissait. Je me suis présenté à l'adresse indiquée.
Ce n'était pas dans une entreprise, mais dans un coin de salle d'un hôtel. L'entrevue fut bizarrement très discrète plus pour élaguer les importuns.
Deux interlocuteurs m'ont questionné sur ma vie, mes qualifications et surtout mes antécédents.
J'étais assez interloqué par le genre de questions mais je répondais à toutes n'ayant rien à cacher de ma situation actuelle.
Ils notaient toutes mes réponses dans un calepin.
Ils recherchaient des spécialistes en cryptographie avec de bonnes connaissances dans les nouvelles technologies de l'information
La cryptographie avait fait partie de mon enseignement à West Point.
Cela semblait dans leurs cordes mais sans effusion d’enthousiasme.
J'ai donné notre adresse.
L'entrevue terminée, ils m'ont dit que d'autres interviews devaient avoir lieu et que l'on m'écrirait à mon adresse sans mention spéciale de l'envoyeur.
Tout cela m’intriguait mais je n'en avais cure et cela m'excitait d'autant.
Je n'avais plus qu'à attendre.
Une chose que je peux déjà annoncé le mythe de James Bond n'existe pas.
Je n'ai même pas reçu du champagne quand je suis entré en service.
Je termine cette lettre par un pardon de n'avoir jamais raconté mes tourments.
Un pardon pour m'être laissé conté fleurette par une inconnue.
J'aurais certainement mieux fait de partager mon désespoir avec toi.
Cet épisode de ma vie remonte déjà loin dans le temps, mais je me devais d'être honnête envers toi et te l'avouer.
Bien à toi,
John,
..
Chapitre 09: 15 août 2015
Chère Clara,
Je surveillais l'arrivée du courrier pour que tu ne tombes pas sur une lettre avant moi.
Une semaine après, une lettre est arrivée avec l'invitation à me rendre à une adresse différente.
J'avais donc été pré-sélectionné.
J'y suis allé et les nouveaux interlocuteurs m'ont révélé, en plus de détail, la fonction qu'ils recherchaient.
Quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai appris que le poste vacant recherché dans un service de cryptographie des messages pour un service de renseignement.
Là, j'ai flippé. Je me suis enthousiasmé peut-être un peu vite.
Ce n'est qu'après que l'on m'a dit que c'était pour la National Security Agency, la NSA. Une agence gouvernementale.
Je connaissais la CIA comme organisation du renseignement mais pas la NSA.
Et pour cause, la NSA ne fait pas autant d'efforts pour se faire connaître que la CIA comme tu vas le découvrir dans les lettres qui suivent.
Ils m'ont donné quelques détails généraux.
Cette organisation est née en 1952 pour unir les efforts de cryptologie suite à une pulsion de la Navy et de L'US Air Force.
Le père spirituel de l'agence fut le général quinquagénaire, Ralph Canine.
Initialement, les buts étaient tournés à 50% vers la surveillance de l'URSS.
Il a développé ensuite une structure active qui s’insérait dans les décisions de la politique internationale américaine concernant le Vietnam, Cuba, l'Irak et Al'Qaida.
Bien que la NSA a une histoire très secrète, elle est omniprésente.
Elle est le noyaux le plus actif dans le très vaste réseau d'espions.
La raison de mon ignorance était compréhensible puisque son existence n'a été révélée que cinq ans après sa création mais cela perdurait.
A sa naissance, il n'existait ni commission du Congrès ni lois officialisant sa création ou visant à contrôler ses agissements. Il n'existait que des textes destinés à la protéger.
200.000 personnes travaillent à la NSA dans le monde.
L'Agence s'occupe de tout ce qui se dit ou s'écrit dans la presse et dans les milieux diplomatiques.
Ses prérogatives vont jusqu'à dépouiller les revues techniques, nationales ou étrangères, à analyser les discours et les médias et même les fictions et les romans policiers.
Elle était connue avec le nom de « L'Agence » ou de « La Compagnie ».
J'ai appris ensuite que l'agence a reçu plusieurs surnoms humoristiques comme « No Such Agency », « Nothing Sacred Anymore », « No Say Anything ».
Son budget annuel est estimé à plus de dix milliards de dollars.
Les ordinateurs de dernières générations et l'intelligence artificielle ont fait partie de l'arsenal d'outils pour effectuer ses diverses tâches d'espionnage.
La prépondérance des activités tournait autour du domaine économique et de la recherche mais pas seulement.
Aujourd'hui, c'est un véritable empire qui communique à partir de Fort Meade pour coordonner ses activités hautement techniques en rapport avec les opérations des États-Unis.
La NSA offre l'aspect d'une citadelle de verre et d'acier protégées avec un luxe de précautions inouïes sur une surface de quinze hectares où sont disséminés des dizaines de bâtiments.
Un musée et une bibliothèque y ont été inaugurés pour le public.
Beaucoup de « geeks », passionnés par le numérique s'y retrouvent.
Participer à la sécurité des États-Unis et entrer dans l'agence, quelle belle opportunité pour servir mon pays, me suis-je dit.
J'allais pouvoir exercer mes talents de mathux par l'art de la cryptologie et j'en oubliais tous les risques de vicissitudes.
J'ai donné mon accord, mais je n'étais pas encore engagé pour autant.
Le soir, je suis revenu chez nous avec un sourire qui n'était pas faussé.
Je retournais dans mes rêves d'enfance et cela m'excitait.
Tout ce que je t'écrirai dans les lettres qui suivent, est entré dans le domaine public.
Je ne pourrai t'en dire plus.
John,
..
Chapitre 10: 17 aout 2015,
Je suis allé à Fort Meade.
Les organismes de sélection du personnel m'ont examiné sous toutes les coutures, dans les détails les plus intimes.
Ma vie a été exhumée, recoupée, analysée, répertoriée.
Mes opinions politiques, mes manies et mes ambitions ont été passées au crible. Tout a été observé avec mes antécédents pendant des mois dès que je mon inscription dans la liste des candidats.
Des tests psychologiques très poussés faisaient partie de la sélection.
J'ai compris ce qu'était réellement "Big Brother" à l’œuvre.
Je ne sais pas comment, par quel artifice, j'ai été sélectionné entre beaucoup de candidats et reçu mon billet d'entrée dans l'antre du secret de la grande maison NSA.
Probablement, mon passé militaire, mes qualifications particulières, mais peut-être aussi, mon caractère solitaire et introverti qui correspond à l'agent secret type, comme futur cadre de l'espionnage.
L’handicape principal à mon engagement, c'était toi.
L'acceptation de ta présence en tant qu'épouse a été un handicap. On ne se lie à la NSA quand on a de la famille privée. La famille, c'est la NSA. C'est elle qui te choisit.
Les sélectionneurs sont remontés sans que tu le saches sur ton passé et tes parents mexicains.
J'ai appris par la suite que les employés de la NSA sont encouragés à la rigueur à se marier entre eux pour partir en mission ensemble comme un couple lambda.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette procédure de probation, d'enquête sur moi-même a été très importante pour découvrir la faille qui ferait de moi un traître en puissance.
Elle comprenait en plus de mon éducation, le contrôle de mes voisins, amis, anciens camarades de travail.
La politique du soupçon et le principe de loyauté indépendamment du grade et de l'ancienneté, comprend un passage au détecteur de mensonges tous les trois ans.
Le secret devait devenir une routine avec l'espionnage des autres comme une doublure de caractère. A la fin, j'observais tout le monde autour de moi comme si j'en avais fait construit un complexe du secret.
Quand je les ai intéressé et qu'ils ont décidé de prendre ma candidature en considération, ils ont bien remis ma fibre patriotique en fonction.
En finale, j'ai dû signer des documents comme s'il s'agissait d'un Pacte avec le diable qui m'interdisait, à vie, de faire de la publicité de mon engagement à qui que ce soit, ni de dévoiler mon employeur même à toi-même.
Dans leurs bureaux, j'ai été formé sur les procédures, les cours militaires généraux, mais aussi les fondements des secrets défenses et la confidentialité des renseignements.
Sun Tsu et l'Art de la guerre, devenait une livre de chevet.
C'est ce qu'on appelle le parcours classique pour former des officiers opérationnels et des cadres du renseignement.
On t'y apprend à ne jamais faire confiance à quiconque suite à une première réaction émotive.
L'apprentissage passe par comment traduire ou maquiller une vérité pour ne pas dévoiler tes fonctions et comment perdre tes émotions dans n'importe quelle situation de stress.
Le secret devenait pour moi une seconde nature avec la surveillance de mes alter-ego dans les deux sens comme sécurité ultime.
Tout devient un risque potentiel pour moi et pour l'équipe dans laquelle je faisais partie. Toute phrase devait être analysée avant de les prononcer.
J'ai certainement été mis sous surveillance avec ma chambre d'hôtel truffée de micros et mes communications enregistrées.
Je le suis peut-être encore après des années d'exercices.
Mais pour un novice comme je l'étais, cela m'a demandé beaucoup d'effort pour accepter cette surveillance.
Je suppose que tous les organismes d’espionnage ou de contre-espionnage à l'Est comme à l'Ouest ont des règles très similaires.
Ce qui ne gâche rien, être agent était relativement bien payé puisque les budgets de l'agence le permettaient.
Temporairement, je mettais entre parenthèses, mon désir secret d'aller sur le terrain des opérations.
Mes penchants pour les « grandes migrations » restaient intacts.
Dès mon entrée parmi le personnel, j'ai appris à connaître Ted qui est chargé de t'apporter mon courrier après ma mort.
Il était entré à la NSA deux mois avant moi et me servait de tuteur.
Il est devenu un véritable ami. Il est devenu le seul avec qui j'avais donné ma confiance à 100% et avec qui j'avais osé sortir de mes prérogatives de secret tellement il me ressemblait sur beaucoup de points.
Quelques mois après l'instruction, j'ai postulé pour aller chercher l'information dans le monde à condition que je puisse revenir un certain nombre de fois pour revoir ma famille.
Nouveaux concerts d'instructions, de recommandations et de précautions à apprendre pour quitter Fort Meade.
Concert qui consistait à questionner les gens dans un monologue pour récolter des informations sans rien révéler sur moi-même.
J'ai eu des missions secrètes dans quelques endroits de la planète avec lesquels les États Unis avaient quelques soucis et différents de méthodologie de gouvernance.
En Europe, ce fut dans la succursale de Stuttgart en Allemagne parce que j'avais de bonnes notions d'allemand. Mon instruction continuait puisque c'était plus un travail de bureau, en tant qu'officier traitant, avec la lecture des rapports des agents actifs sur le terrain.
Je transférais mes rapports et mes conclusions préliminaires via la valide diplomatique ou par d'autres moyens encore plus secrets.
Je te raconte la suite dans d'autres lettres.
John,
..
Chapitre 11: 25 août 2015
Chère Clara,
Et si je commençais par l'histoire de Kennedy à une époque fertile en événements pour l'agence.
La crise de Cuba avec les missiles envoyés par les Russes apporta un coup d'arrêt à la CIA.
Je dis bien de la CIA. Pas de la NSA.
Aux yeux de JFK, le constat de carence de leurs services de renseignements, leur avait été attribué.
De ce fait, la NSA avait franchi un nouveau pas dans sa légitimation pour exiger encore plus de moyens en effectifs, en équipements et bien sûr en crédits.
Beaucoup de fantasmes autour de l'histoire de JFK ne sont arrivés dans le public que depuis quelques années par la presse.
Tout a été maintenu secret par peur des représailles.
Quand tous les renseignements sont cryptés, le job de la NSA devait protéger ses sources et craquer celles des autres, ennemis ou non.
Internet venait d'exister mais pas avec la liberté d'expression du Web.
Entre être espionné et être espionné, c'était la valse des secrets dans cette "grande entreprise publique".
Dans les coulisses, il y a des anecdotes qui ressortent des tiroirs de l'archivage de la NSA.
Entre CIA et NSA existait un sentiment de « je t'aime moi non plus » en marchant parfois sur les mêmes plates bandes.
JFK fut un démocrate d'un type très particulier.
Visionnaire mais aussi coureur de jupon et empêcheur de tourner en rond autour de lui. Donc, il s'agissait de vendre le sentiment que tout était sous contrôle pendant son mandat.
1961 a été une année charnière pour la NSA.
A cause de ces missiles nucléaires pointés vers le pays, nous étions à deux doigt d'une guerre nucléaire avec l'URSS de Khrouchtchev. L'affaire prioritaire de Cuba lui en donna l'occasion comme s'il s'agissait d'un super-Vietnam.
Un coup de chaud suivi par un coup de maître de la part des faucons de la NSA.
Si avant, elle s'imposait comme un pivot du système en bafouant quelques lois au passage, il ne lui manquait que l'opportunité de pénétrer jusqu'au centre décisionnel de la Maison Blanche.
La Q Street à Washington était le centre de rendez-vous des idées et des comploteurs.
L'histoire de Mary Meyer en a fait partie. A mes temps perdus, son histoire m'avait intéressée.
JFK avait été amoureux d'elle et une fois marié, il aurait même pensé divorcer pour elle.
Il était devenu priapique par cette boulimie reliée à une kyrielle de médicaments qu'il prenait pour lutter contre la maladie d'Addison qui affectait la capacité de son corps à réguler le sucre et le sodium.
Le couple Meyer était très proche des hautes sphères du pouvoir.
Elle avait épousé un bellâtre aisé qui monta à le 2ème de la hiérarchie de la CIA.
Journaliste de profession, Mary se mettait à coudoyer des milieux gouvernementaux tout en s'adonnant à la vie de bohème avec le LSD comme support intellectuel.
Brillante, subversive et fantasque, elle était un mélange explosif avec son esprit hors du commun mais détestait les sorties mondaines. Son côté très privé, plaisait à JFK.
Elle avait revu JFK après son mariage mais sans sortir des alcôves du mystère.
La NSA connaissait les agissements de ce couple non conforme à l'intelligence américaine, mais elle redoutait les résultats de ses fantasques.
Pour contrer l’influence soviétique et la tendance communiste en Amérique latine, JFK avait signé « L'Alliance pour le Progrès » qui devait apporter une aide massive sociale et humanitaire et instaurer la démocratie du style américain.
Les grands groupes américains se souciaient fort peu du développement de la démocratie dans cette partie du monde. Ils donnaient de l'argent pour sa campagne, mais c'était du bluff.
Ils avaient poursuivi son action en voulant supprimer des niches fiscales qui permettaient des économies mais qui venaient en opposition avec les compagnies pétrolières.
Laurence H. Frost fut nommé pendant deux ans à la tête de la NSA afin de pallier les défauts de son prédécesseur, John A. Samford.
A l'époque, il fallait mettre un terme aux financements des groupes anti-castristes de Floride en s'opposant à l'organisation N.R.A., la National Riffle Association.
Il faut toujours garder une tension dans le monde pour que le marché des armes fonctionne. La NRA savait comment se faire bien voir par la présidence.
Le pacifisme ne fait pas recette, ne rapporte rien à l'association des gens du pouvoir ni pour des organismes du renseignement qui y retrouvent des moyens financiers par ricochet.
La CIA aurait rapidement tourné à la catastrophe du fait qu'elle négligeait les responsables civils.
Allen Dulles fut viré par JFK. Son protégé, Youri Nousenko du KGB avait été mis au secret par Dulles parce que celui-ci pensait qu'il en savait trop.
Puis, il y eut l'assassinat inattendu de JFK.
Mary Meyer a tout de suite été persuadée qu'un complot contre lui et la Maison Blanche pour fomenter une forme de coup d’État.
Le 27 septembre 1964, le complot a été démenti par la commission Warren, dont le rapport montrait Oswald comme seul coupable.
Mary devenait une légende comme si elle n'avait jamais existé.
Oswald, un faux communiste perdu dans un monde qui le dépassait, assassin de JFK, l'idée même l'avait fait bondir alors que les noms des faucons des services secrets tournaient en boucle dans sa tête.
Qu'ils soient vrais ou faux, elle était parvenue à se faire une opinion très différente à la suite des échos les plus secrets de la CIA à Langley et de la NSA à Ford George Meade.
Elle fit sont enquête, remonta dans le passé de Lee Harvey Oswald et de son assassin, Ruby.
Elle répandit des théories fumeuses dûment argumentées à Washington et fut mise sur écoute téléphonique.
Était-elle la femme qui en savait trop ?
Le 12 octobre 1964, alors qu’elle faisait son jogging le long du fleuve Potomac, Mary fut abattue d’une seule balle, onze mois après son amant et moins d'un mois après les conclusions de la Commission Warren.
On ne retrouvera jamais le coupable.
Un vieil ami de Mary, Peter Janey, cherche toujours comment et qui avait perpétré ce crime.
En 1976, une autre commission sur cette affaire a disculpé les Services secrets mais a admis que ceux-ci devaient avoir néanmoins un rôle actif dans une conspiration complexe.
Une histoire de services secrets qui a été reprise avec beaucoup de détails dans le livre « Meurtre à Georgetown ».
A la NSA, la conclusion de cette nouvelle commission arriva comme une onde de choc en envoyant tout le monde sur le pont pour chercher d'autres responsabilités plus plausibles.
Puis il y a eu l'assassinat de Bob Kennedy par Sirhan Sirhan.
Certains ont parlé d'une malédiction des Kennedy en oubliant les indices concordants et concomitants.
La question première "à qui profite un crime", s'épaississait quand on voit les choses différemment de l'intérieur des services secrets.
Je ne sais pas pourquoi, je te raconte ça si ce n'est que pour te donner des explications sur ce qui a fait partie de ma vie.
Tu es entrée dans les mystères secrets ou on ne s'embrasse pas
... mais qui ne m’empêche pas de t'embrasser
John,
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Chapitre 12: 2 octobre 2015
Chère Clara,
Je continue par l'histoire de la NSA qui a été reprise en partie dans le livre « La Puce et les Géants ».
Si la CIA était responsable de tout vis-a-vis du public, le pouvoir de la NSA ne faisait que grandir.
Il était matériellement impossible de vérifier ni les agissements ni les dépenses de la NSA qui administraient des centaines de bases à l'étranger et qui faisait des clichés par satellites.
Le président Lyndon Johnson se plaisait à exhiber ces photos.
Pour lui, c'était une manière brutale de mettre en garde les États adversaires puisqu'il savait tout d'eux.
En 1965, l’influent général Marshall Pat Carter à la tête de la NSA, que l'on avait surnommé « l'Auberge de l’anagramme », était plus scientifique que militaire.
Il préférait l'indépendance à l'appartenance à la Défense.
Une enquête fut lancée par Richard Helms pour déterminer si l'efficacité de la NSA correspondait aux dépenses toujours en augmentation, qu'elle exigeait.
Pour comprendre ses dépenses, il faut se rappeler que les États-Unis ont toujours été une cible pour les terroristes de tous poils.
Rien de paisible dans cette période.
En 1969, des activistes protestaient contre la guerre du Viet-Nam.
Un hôtel qui était une fabrique de bombes, explosa à New-York.
En 1970, on comptait 3000 attaques à la bombe et 50.000 menaces provoquant l'évacuation des immeubles.
Des violences d'origine politique et gauchiste dans une Amérique considérée comme uniformément droitière...
Non, rien n'est jamais gratuit pour apporter une justification à l'espionnage.
En 1973, la CIA a été reconnue comme le bras armée de l'ombre pour rendre improductives les tentatives socialisantes d'Allende au Chili.
Personne n'avait pointé la NSA.
Le mystère de son existence a toujours été plus fort et désignait de préférence un acteur plus connu ...
Dans la politique du président Nixon, le secret était devenu une obsession.
Son vice-président Spiro Agnew fustigeait les désordres et clouait au pilori une « petite élite arrogante » dites souvent sous « influence communiste » qui organisait des vagues de « subversion ».
L'ambiance était surchauffée dans une guerre info-maniaque au point de penser à un putsch militaire sans l'autorisation du Pentagone.
Contrôler un pays, pour Nixon, c'était le surveiller de toutes les manières possibles dans un état devenu Gestapo.
En final, tout cela entraîna le scandale du Watergate, révélé en pointant la CIA comme responsable. Encore une fois, la NSA et la directive n°6 qui l'avait fondée, furent épargnés.
La tentative du démocrate, Jimmy Carter, de brider la NSA fut un échec.
Sous la présidence de son successeur, Ronald Reagan, les crédits ont afflué à nouveau pour s'opposer à « l'Empire du mal » via la « Guerre des Étoiles » qui devait annihiler les armes des adversaires.
Ses liens reconnus avec la mafia lui ont permis de grimper jusqu'à l'investiture de président.
Un président, très aimé par la population américaine, arrivé dans l'air du temps des Golden boys et de Margaret Tatcher.
Loyal envers ceux qui le sont envers lui, qui l'ont soutenu et ont effacé son ardoise de ses dépenses extravagantes, Reagan, un président sur mesure, devait leur rembourser en effaçant les dossiers louches.
Les mêmes arguments fallacieux mènent le monde et le monde des secrets prend sa part au passage.
L'attentat à New York en septembre 2001 fut un autre coup de massue par un échec attribué à la CIA.
La NSA n'était pas plus éloignées des fiascos de la CIA et du FBI qui n'avaient rien vu venir, mais personne ne s'en souciait.
Le programme de surveillance électronique PRISM a alors été installé pour cibler les personnes les plus hautes placées dans le monde. Appelé officiellement "Terrorist Surveillance Program", il a été mis en place par l'administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001. La révélation de ce programme a eu retentissement dans le monde en créant un scandale que Barack Obama a dû calmer difficilement en affirmant que cela allait être court-circuité de l'intérieur.
En 2006, arriva une nouvelle "bombe" qui a créé la panique à bord de la NSA.
Les révélations appelées « Wikileaks » faisaient ressortir un véritable trafic d’informations de l'ombre.
Son lanceur d'alertes, Julian Assange était à la tête des fuites en passant par les pays communistes asiatiques et par Cuba.
Les lanceurs d'alertes deviennent les hérétiques du monde numérique. "Between the cloud and the hell"
Cet ennemi public numéro un s'est protégé par la reconnaissance du public avide de ce genre de confidences.
Son histoire a été montré dans le film « Le Cinquième pouvoir » (« The Fifth Estate »).
Quand Assange a fait sortir sa vidéo qu'il a titré par « Meurtre collatéral », ce fut un détonateur dans le public.
Les ennemis naturels des organismes du secret sont les journalistes d'investigation et les bénévoles idéalistes.
Une fois, repérés pour leurs agissements suspects, ils sont mis sous surveillance.
Les activistes nous font devenir réactionnaires par procuration contractuelle d'une thèse contre une autre. Tout devient classé secret défense.
Quand des preuves sont confirmées, que reste-t-il sinon court-circuiter les réseaux de fuites pour les faire déraper sur de fausses pistes, les "fakes", pour les infirmer et les discréditer.
La fiabilité de nos propres sources devient douteuse jusqu'à penser qu'elles ont été retournées.
Par ces fuites, les noms de nos espions ont été divulgués les rendant vulnérables.
Barack Obama a été furieux contrer les services secrets et a dû s'expliquer devant la presse internationale en disant qu'il prendrait des dispositions pour les éradiquer. Encore faut-il atteindre le bon service à la bonne adresse.
La guerre de l'info a dû faire de nombreuses victimes parmi nous.
Un mandat d'arrêt à l’encontre de Assange qui s'est retiré à l'ambassade d’Équateur à Londres avec ses comptes bancaires bloqués, n'y changea rien.
Devenu la coqueluche de la population, Assange continue à nous faire souffrir.
La suspicion de ses délits sexuels en Suède pas plus.
La déviance sexuelle est un argument qui avait déjà été utilisé dans l'histoire de la NSA pour écarter Bermon Mitchell et William Martin, les deux anciens de la NSA.
« Donner un masque à un homme, il vous dira la vérité », disait Oscar Wilde.
J'ai été affecté dans une équipe que l'on appelait Groupe avec le rôle d'analyser les renseignements bruts et en retirer du renseignement fini.
En 2013, les révélations d'Edward Snowden apportèrent nouvelle secousse sismique.
Traquer les informations et leurs propagateurs sans état d'âme pour éviter d'autres fuites se résume à rechercher les sources pour déterminer comment elles ont pu sortir des voies autorisées.
Chopé par cette recherche, le militaire Chelsa Manning a été condamné.
Continuer à chercher si un tel poisson n'en cache pas un autre.
Tu te souviens de l'enterrement de Mandela en décembre 2013.
Obama a sauté sur l'occasion de cet événement pour créer un timide réchauffement avec Cuba parce que lui aussi avait des opposants à tout rapprochement avec l'administration cubaine.
En coulisse, tout cela avait été préparé dans une mécanique de l'ombre.
Le serrement de mains devait avoir l'air d'être naturel et non prémédité Barack Obama et Raoul Castro.
Cuba n'était plus ni sous le giron de l'URSS ni sous la Russie.
Il fallait récupérer l'île sous la bannière étoilée pour trouver de nouveaux débouchés pour les produits américains.
Le bien et le mal s'épousent parfois pour des raisons économiques sous le saut du secret.
Même le KKK est toujours sur la liste des actifs, ramollis peut-être mais qui veillent au grain.
Discrétion quand tu nous tiens...
Je continue cette visite historique dans la lettre suivante...
Je t'embrasse
John,
Clara fit une pause et arrêta de lire.
De la NSA, elle en avait appris plus qu'elle n'aurait pu en connaître puisque qu'elle n'en avait jamais entendu parlé avant l'arrivée de ce soldat qui l'avait informée de la mort de John.
Elle en restait de ce fait, très curieuse de lire la suite comme si c'était un roman policier dont elle est très fan.
..
Chapitre 13: 1er décembre 2015
Chère Clara,
Quand un pays espionne ses voisins, il doit accepter d'être espionné lui-même par eux.
Après la dernière guerre, le Japon était exsangue. Il s'est remis sur pied en s'assurant la suprématie technologie de l'information et devenait la première puissance économique de la planète.
Face à la Silicon Valley, devenue le centre mondial de l'espionnage, lui a permis de se refaire une "santé technologique" en quelques années.
Aujourd'hui, il n'est plus ce qu'il était mais il rivalise encore les plus grandes sociétés avec ses robots et ses humanoïdes par l'intelligence artificielle.
Les Russes ont fait leur intrusion dans les secrets des occidentaux par la ruse, sans bruits et sans reproches. Plans et produits volés ont permis à l'URSS de combler un retard de près de dix ans dans le domaine militaire par l'espionnage de l'industrie américaine. Le prestige que les États-Unis pouvaient tirer de leurs connaissances scientifiques, était très important. Adopter un modèle répressif aurait étouffer les innovation technologiques par l'obsession du secret. C'est par la manne de documents publiés dans les magazines scientifiques que les Russes se sont servis en envoyant plusieurs milliers d'agents à la collecte de ces rapports tombés dans le domaine public. Sans efforts, ils n'avaient qu'à photocopier des pages comme les "Defense Electronics" ou "Military Electronic Countermeasures" pour y découvrir les perfectionnements des derniers systèmes d'armement. La débauche de publicité à la gloire de notre pays réaffirmait la validité du système américain et a permis de surmonté et même dépasser l'avance américaine. Lénine avait prophétisé que les capitalistes seraient ravis de leur vendre la corde pour se pendre. La naïveté américaine a été sans égale.
Puis ce fut le tour de la Chine de rattraper le temps et son retard de manière encore plus autorisée. Les Chinois ont été invité par les entreprises occidentales qui voulaient leur vendre leurs excédents de technologies sans comprendre que l'"usine du monde" allait l'utiliser à son profit. Les Chinois n'étaient pas uniquement des ouvriers, mais des ingénieurs qui voyaient un moyen d'apprendre les plans futurs de l'occident et comment ils comptaient les réaliser. Les Chinois se sont contenter d'écouter et de reproduire, les œuvres de leurs maîtres à penser pour devenir des élèves studieux et astucieux. La Chine est arrivée à vitesse accélérée au deuxième rang dans le peloton des puissances économiques mondiales. Le besoin de prestige de la Chine arriva lors jeux olympiques de 2008 qui sont devenus comme vitrine pour impressionner le monde occidental. Aujourd'hui, si le monde occidental ne se réveille pas, la Chine pourrait dépasser l'Amérique et la remplacer sur l'échelle des nations futuristes.
Tout cela pour dire que l'espionnage est une arme à double tranchant.
Je ne suis pas ici pour justifier l'espionnage, mais simplement pour dire que le virus du renseignement se propage dans le monde entier dans un rêve de grandeurs des puissants et un rêve brisé pour ceux qui le sont moins.
La NSA, une des manières très secrète de privatiser l’État.
Que ce soit avec des méthodes naturelles par l'intelligence ou virtuelles par Internet, les acteurs du monde connaissent une montée en puissance, une apogée et une redescente dans les abîmes de l’anonymat tant redouté quand ils s'endorment sur leur lauriers sans réagir pour protéger les informations stratégiques.
Physiologiquement, le commun des mortels a un lien avec la société dans laquelle il vit.
Il grandit pendant l'enfance, se cherche des débouchés pour vivre et une fois adulte se retrouve déprécié dans la société avec l'âge.
"The show must still goes on, isn't it"...
Entre particuliers, les baisers et l'amour apportent les liens qui manquent à une nation.
John,
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Chapitre 14: 10 décembre 2015
Chère Clara,
La population ne voit que le sommet de l'iceberg relayé par la presse.
En 2003, la CIA donnait l'information stratégique au sujet des armes de destruction massive, information qui a été utilisée par Colin Powell dans son discours pour justifier l'attaque de l'Irak à l'ONU et Al'Quaida .
On sait depuis lors ce qu'il en était en réalité.
La réalité est créée quand elle ne correspond pas au but à atteindre.
Or, la NSA n'a même pas été citée ni impliquée officiellement.
C'est comme si la NSA se protégeait des risques de cancer des rayons du soleil par l'huile solaire de la CIA qui elle doit répondre à ses utilisateurs en donnant une notice d'utilisation.
Au début de son premier mandat, Barack Obama, comme tous les présidents, a été dans le viseur des services de renseignements.
Obama avait reçu un Nobel de la Paix comme encouragement au début de son premier mandat. Il a peut-être cherché à faire la paix avec de belles résolutions. Il n'y est jamais parvenu.
Son sourire perpétuel rassurait le public arable lors de sa première grande conférence au Caire.
Tout ce que Obama a pu réaliser pendant ses deux mandats a été jugé comme mou, trop symbolique par notre Agence.
Puis le soufflé est retombé. Le Congrès avait pris la majorité des voix et renvoyait les projets d'Obama dans les oubliettes de l'histoire.
N'oublie pas que les Américains ont toujours été formés comme conquérant avec une mission divine de réguler le monde à ses propres mensurations.
Les deux agences s'en sont détournées sur les Républicains qui, à leurs yeux, pouvaient leurs être plus profitables.
Leurs dirigeants ont souvent des liens avec les grandes sociétés pétrolières qui n'en ont rien à faire de l'écologie et de la santé des populations.
L'histoire est toujours un éternel recommencement dans des cycles concentriques dont le point central est l'intérêt personnel.
Les armées les plus efficaces créent des gens qui obéissent sans réfléchir.
Si tu te souviens du film avec Bronson « Un espion de trop » ("Telphon") dans lequel la manipulation de l'esprit peut arriver à créer des zombies à la suite d'un coup de téléphone.
Nous ne sommes pas des zombies, mais nous sommes drillés pour oublier les actions litigieuses et c'est à nos chefs de se débrouiller devant le Congrès pour expliquer nos actions.
Pour avoir fauté, une tête de peloton peut retomber mais elle ressortira du chapeau plus tard pour reprendre le flambeau de celui qui a été déchu.
Chacun de peur de perdre son poste, suit aveuglément les ordres donnés plus haut que ce soit à l'armée ou dans les services secrets.
Nos patrons changent souvent après une nouvelle investiture de présidents et prennent la couleur politique de leur chef à Washington.
La paranoïa fait le reste.
Pas d'hôpital psychiatrique pour les patrons alors que parfois, une telle remise sur les rails s'imposerait en délimitant le champ réel du virtuel.
Cette volonté de compétition doit être écrit dans les gènes des hommes avec L'Art du Renseignement.
L'ancien agent de la CIA, Howard Hunt, avait les sources officialisées et autorisées pour en parler dans ses romans.
Ses romans n'ont été qu'une suite d'aventures dans lesquelles la violence n'était jamais loin.
Israël, l'allié privilégié et stratégique de notre pays, a souvent été mis en balance entre paix et guerre larvées avec ses voisins.
Obama avait essayé de donner des arguments pour soutenir les Palestiniens contre les Israéliens qui partageaient leur terre. Il a été contré par les Républicains.
Les agences de renseignement ont eu une indépendance à géométrie variable en fonction de leurs propres prérogatives statutaires qu'elles n'hésitent pas à transgresser.
L'Europe se fissure aujourd'hui et le Moyen-Orient explose dans de soi-disant printemps révolutionnaires qui sont vite remis au pas sous peine de représailles pour la non-participation aux frais de leur révolution.
Comment intervenir dans un tel contexte par la méthode douce ?
Par la dissidence?
Dans n'importe quel pays, les dissidences deviennent toujours traîtres à leur patrie.
Après quelques mois dans nos institutions gérées par des lois inexistantes, j'avais déjà beaucoup réfléchi et je n'étais plus sûr d'avoir choisi la bonne filiation.
Mes facilités en maths m'ont mené à faire des balances numériques avec des formules qui n'avaient plus rien d'humain.
Les employés des services secrets n'ont rien à voir avec l'image que l'on donne des espions à Hollywood ou d'un James Bond qui s'affiche avec de jolies filles.
Nous n'étions pas, non plus, des GI's physiquement aux carrures d'athlètes. C'est même tout le contraire.
Ce qui était important, c'est d'être résistant moralement, psychiquement et intellectuellement.
Aujourd'hui, Michael S. Rogers dirige notre boutique NSA.
Snowden a dénoncé les infos parues dans le Washington Post qui a fait sa réputation par le Watergate.
A l'origine, en 2007, Snowden avait pour but de contrer le terrorisme avec le « Protect America Act ».
Tout le monde finit toujours par se tenir par la barbichette en du donnant-donnant dans une solution apparemment Win-Win.
Les États-Unis sont une nation obsédée par le rêve d'excellence animé par une psychologie de l'éphémère et de l'information stratégique.
C'est ainsi qu'elle renforce son pouvoir sur les autres.
La peur oblige à vivre dans le silence et le mensonge.
Si mentir est un cauchemar, c'est encore bien pire d'apprendre aux autres à mentir.
Créer un monde inquiet construit des solitudes nomades, caractérisé par une créativité sans attaches et sans complexe.
Son dynamisme égoïste inconscient construit facilement des entreprises avec l'aide de « Ventures-capitalists » mais ne s'inquiète pas trop de sa pérennité pour se maintenir en vie.
Ce monde dynamique des voyages et des mystères, je l'avais recherché béatement pendant mon enfance.
Pendant ma jeunesse, j'ai lu beaucoup de livres sur le sujet des voyages dans lequel les secrets de l'aventure m'excitaient parfois avec ses complots.
Le secret et les thrillers font planer quand on est seul dan son coin.
Il a été un nouvel étau qui s'était refermé sur moi.
Mon travail à l'étranger avait été de plus en plus délicat avec les précautions annexes.
Je détectais les micros dans toutes les chambres d'hôtels dans lesquels je résidais.
J'utilisais des passeports différents pour brouiller les pistes.
Tout cela pour rester inconnu et rester en vie.
Je n'ai jamais pu te révéler mes états d'âmes.
Tu aurais été impliquée et je ne le voulais pas.
Il y a longtemps, l'écrivain René Barjavel avait écrit « Le Grand secret ».
La logique du livre s'organisait dans des mystères qui s'enchaînaient comme un jeu de dominos dont l'un entraîne la fin de la Guerre Froide, la cause de l'assassinat de JFK, le comportement de De Gaulle et les voyages de Nixon à Moscou et à Pékin.
Te rends-tu compte de la suite dans ces idées, il y avait la vision de l'immortalité et du transhumanisme dont on parle récemment alors que la peur est un ciment de tout cela ?
Le « Grand Secret » est autant la plus grande peur que le plus grand espoir du monde.
Dans l'histoire, tout se tient à condition qu'on ne lâche pas le fil d'Ariane.
Dès que tu touches à la géopolitique, ta vie ne fait plus le poids.
Je donnais des coups de fil à partir d'un téléphone fixe sans dire où j'étais pour ne pas être géolocalisé.
Si tu as reçu ces lettres, c'est que je ne suis pas parvenu à rester secret et que j'aurai terminé mon chemin.
Je sentais que j'aurais ....
...pu t'embrasser bien plus souvent.
John,
..
Chapitre 15: 6 février 2016
Chère Clara,
Une chose est certaine, je n'ai jamais dû ni faire quelque chose de répréhensible devant la loi et ni tuer un adversaire pour me sauver.
J'ai écrit ces lettres en guise de journal secret pour canaliser mes désillusions et analyser mes sentiments.
Quand dernièrement, on m'a proposé de retourner en Égypte puisque j'étais sensé de bien connaître ce pays, j'étais très heureux de redécouvrir les portes de l'Orient et j'ai sauté sur l'occasion.
Implanter des drones les plus perfectionnés comme aimait le faire Obama, pour surveiller certaines personnes ciblées ne permet pas d'aller lire leurs intentions dans leur cerveau.
On essaye de percer ses secrets, mais en définitive, on s’aperçoit que l'on reste un mystère pour soi-même.
Les drones voleront bientôt dans le ciel en automatique sans contrôle humain « Watching you ».
Le secret professionnel comme le secret de la vie privé, reste sacré.
Les lanceurs d'alertes sont toujours de maudits corbeaux qu'il faut éliminer avant qu'ils ne croassent pour faire un mal aux anti-corbeaux.
Au départ, ma mission en Égypte était de comprendre les relations entre les Frères musulmans et le salafisme.
La NSA devait avoir des nouvelles fraîches sur le terrain des opérations et moi, un besoin d'air du large.
Les partis islamistes qui avaient pris le pouvoir, avaient été mis entre parenthèses.
Pourtant, on n'ose pas encore dire ce que l'on pense de la présidence énergique de Abdel al-Sissi.
Était-ce d'ailleurs un pouvoir islamique ou communiste puisque cela prenait une tournure anti-capitaliste?
Les Américains confondent toujours socialisme et communisme.
Une égyptienne, Dalida, m'avait fait comprendre tout ce qui sépare l'esprit occidental de l'oriental.
J'ai appris tellement de choses en sa compagnie d'intellectuelle très profonde qu'elle était.
Elle m'avait servi de couverture et apporté les connaissances du terrain qui évoluait dans la violence.
Le printemps arabe a tout bousculé dans les habitudes de ce pays que je connaissais depuis quelques visites antérieures.
Je me suis fait repérer et j'étais brûlé dans ma mission.
Un espion sent quand il est espionné lui-même.
Je devais disparaître d'une façon ou d'une autre. J'avais deux options.
Disparaître en éliminant les traces derrière moi.
Ou reconnaitre l'échec de ma mission, mourir moralement et être éliminé comme l'espion brûlé.
Résumer ma vie, c'est parler de ma jeunesse sans amour, de parents qui vivaient au mieux dans une solitude partagée faite de violences.
C'est parler du traumatisme de mon enfance avait fait écho au potentiel bridés de mes parents, par un désir d'évasion.
Progressivement, je commençais à ne plus accepter les missions avec ses secrets.
Carla, je t'en suis très reconnaissant d'avoir été mon repos du guerrier, mon havre de paix.
Dans notre monde de technicités, les armes sont devenues de plus en plus sophistiquées et les écoutes téléphoniques me semblaient trop intimistes.
Elles impactaient les gens qui n'avaient rien à voir avec le terrorisme.
Les logiciels taillaient les phrases en mots. Les mots utilisés hors contexte pouvaient rendre une personne suspecte et l'inquiéter jusqu'à la prison.
L'Oncle Sam sous forme de Big Brother était devenu anti-démocratique et m’interpellait de plus en plus.
J'espère avoir été pardonné pour mes absences répétées.
Avec les années, j'ai purgé ma propre pénitence.
Ces derniers temps, dans certains cas, je me suis fait des ennemis à exprimer trop haut ma désapprobation.
J'ai eu à nouveau cette drôle d'impression d'avoir quelqu'un qui me suit dans mes déplacements.
Je dois depuis me refréner sous des attitudes plus voilées même à bord de l'agence.
Mais, il ne me viendrait pas à l'idée de devenir un nouveau Snowdon.
J'aime trop mon pays pour arriver à lui faire du mal.
Aujourd'hui, je reviens sur ces pensées avec un certain remord et une culpabilité d'avoir accentué le problème qu'apporte le secret.
Pour travailler comme je l'ai fait, être marié est un risque plus important que de coutume.
Etais-je fait pour avoir des enfants dans mon ambition de voyager de par le monde?
Une vie de couple avec enfants est une charge incompatible et trop risquée pour un agent secret qui n'a rien à voir avec un travail de bureau qui commence à 09:00 et se termine 17:00.
Répondre à ses propres envies de liberté dans la comédie de la vie, se traduit alors en tragédie.
J'ai appris beaucoup de ces leçons de vie, de ses coups fourrés, de ces pots-de-vin entre secteurs privés et publics, de ces contrats militaires que l'on arrivait à faire signer par la cupidité et par des dérives sexuelles.
Trop peut-être.
J'ai appris à tromper et c'est un regret imprécis dans le cœur qui me poursuit.
J'ai vu le film "Mensonges d'Etat" ("Body of Lies") de Ridley Scott. Il explique le dilemme que peut avoir un espion pour traquer un terroriste.
Si j'avais à laisser une philosophie de tout cela, je dirais que la vie est une fuite en avant dans laquelle on tombe dans un piège à la recherche d'un moyen de le rendre meilleur.
Je me suis trompé sur moi-même.
La compétition qui oblige à être meilleur que son voisin, on l'apprend dès l'école.
C'est donc à Ted que j'ai confié la charge de te faire parvenir ces « correspondances de guerre » si je venais à perdre la vie.
Quand je lui ai raconté mon histoire, il m'avait conseillé d’écrire mes mémoires dans un roman.
-Tu ferais un tabac avec ton histoire d'amour, ta faillite et ta remontée chez les vivants de l'ombre, me disait-il.
Je souriais alors en pensant que je n'avais pas les qualités d'écriture pour écrire un livre.
Tu as de l'humour et de l'imagination.
J'ai été sous le voile du secret, à toi d'écrire une suite sous une titre qui pourrait-être "Le voile déchiré"
Ces lettres pour te dire à bientôt ou à jamais, dans un autre monde.
Dans cet autre monde, peut-être, pourrons-nous vivre une vie paisible ensemble à nouveau avec Stéphane.
Mes remords seront désormais coulés dans le marbre d'une tombe avec ses clichés perdus à jamais.
Prends soin de notre fils Stephen puisque je n'ai pas pu le faire comme je le devais et peut-être désirais dans le fond de moi.
Refais ta vie avec un gars qui serait plus proche de toi.
Je t'embrasse de tout mon cœur, ma chère Clara.
God bless Amercica and proud to be American...
John,
Troublée, Carla s'arrête de lire comme épuisée et se sert du café.
Elle était étourdie de cette succession d'événements qu'elle recevait en bloc.
A la radio, on entend une chanson récente que l'on entendait en boucle, « Lost on you ».
Tout à fait dans la note de ce qu'elle venait de lire.
Elle revoit en mémoire leur mariage organisé chez ses parents, avec tout le village.
Les siens qui chantaient et ceux de John qui restaient sans coudoyer ses parents.
Le travail de John dont elle n'avait rien connu de ses péripéties.
Cette déchéance commerciale malgré ses compétences, la faillite, sa détresse et cette femme qui avait joué le rôle qu'elle aurait dû prendre si John avait eu la bonne résolution de lui en parler.
Dans une période de stress, il y avait cette petite exception temporaire de secours auprès de cette dame qui avait probablement le même problème psychologique.
Il avait été soutenu par cette femme en remplacement parce qu'il savait que s'était une passagère de la pluie et qu'il n'y aurait eu aucune suite.
Il avait eu honte de le lui raconter dans son désarroi.
Le mariage religieux à l'américaine est le plus souvent un lien indéfectible dans lequel John s'était seulement laissé distraire.
Les souvenirs que ses parents lui avaient enseignés, l'avaient empêché de lui parler.
Entrer en colère contre ce passé qu'elle ignorait, écrit comme un testament?
Clara s'aperçut que cette lettre était la dernière.
Elle n'avait jamais eu de crainte de la fidélité de John, mais ces lettres apportaient une preuve de sa sincérité.
L'amabilité sans véritable amour n'attend pas d'explications à une situation mal maîtrisée.
Elle avait pardonné John sans même se poser la question pour raison de jalousie.
Elle avait décidé de ne pas lui en parler quand elle le reverrait.
Les grandes illusions de la vie sont souvent à la base de regrets immortels.
Elle savait heureusement que John n'était pas mort en Égypte.
Elle avait compris toute l’angoisse que John avait eu à écrire ces lettres.
Elle alla déjeuner, l’œil dans le vide à regarder la mer devant elle sans le voir.
Dehors, il faisait beau.
Le soleil de Floride brillait dans le ciel de tous ses feux sans aucune honte devant l’angoisse des hommes.
Elle sortit se promener.
Une demi-heure après, elle relit ces lettres une dernière fois avant de décider de n'en pas dire à John, d'attendre une occasion plus propice après son retour.
Elle remet les lettres dans une boîte à chaussures qu'elle place dans une garde-robes du grenier à un endroit qui n'avait pas été étudié pour cette fonction.
..
Épilogue
Chapitre 16: 19 Mars 2017,
Clara et John vivent depuis quatre mois au Mexique.
Le paquet de lettres de John qu'elle avait reçu par l'intermédiaire de son ancien ami Ted est quasiment tombées dans l'oubli de cette garde-robes.
Elle a accompagné dans le déménagement à partir de Floride.
John a depuis une petite entreprise locale pour touristes.
Il est resté très sédentaire, méconnaissable par rapport aux années précédentes.
Parfois, la sédentarité lui pèse à John, mais sa vie dans la NSA avait été effacée de sa mémoire à jamais.
Clara et John se promènent sur le sable, main dans la main, en clapotant gaiement dans l'eau en se dirigeant vers leur maison.
Elle sautille à côté d'elle en éclaboussant John.
Un soleil de plomb du printemps illumine de scintillements qui en résultent à la surface de la mer.
John se rend compte du temps perdu en souriant et en remarquant que Clara est toujours aussi belle, aussi espiègle que le premier jour où il l'a rencontré.
Depuis que le silence a été remplacé par une complicité et des confidences, John a énormément changé moralement. Il se sent heureux.
La vie fuse en lui comme une mélodie dont il aurait composer les notes.
Il avait toujours eux les cheveux rasés de près en brosse et était imberbe.
Physiquement, avec une barbe épaisse et des cheveux longs, il espère ne plus être reconnaissable.
La réponse, il va la connaître à la suite d'un hasard du temps.
-Il faudra que l'on invite Stephen pendant les vacances de Pâques', dit Clara.
- Très bonne idée. Ce sera une occasion de l'inviter avec sa nouvelle conquête.
- Et tes parents, tu les laisses dans l'ignorance ?
- Oui. Pour eux, je suis mort et enterré. Je ne suis pas sûr qu'ils voudraient me revoir. Je serais devenu un étranger un non-Américain. La filiation est moins importante que le statut.
-Le Mexique n'a pas beaucoup de similitudes avec son voisin du nord. C'est un pays étrange dont la géographie explique en grande partie l’instinct de survie', répond Clara.
Au nord-ouest du Mexique, une bande de terre s'étire entre l'océan Pacifique et un océan de sable désertique adossé aux montagnes des Rocheuses qui font la frontière avec le reste du pays.
John relance tout à coup la conversation.
-Tu sais, il y a une opportunité. Ce serait bien d'aller prospecter d'autres clients dans le sud du pays. L'entreprise demande peut-être une exploration du marché à l'étranger. Cela demandera à peine une semaine. Je vais prospecter les touristes.
Clara tique imperceptiblement en se rappelant de la solitude qu'elle avait connue dans une autre vie avec John.
Elle en avait souffert et ne l'avait pas oubliée.
-Tu as oublié quelque chose, dit-elle.
-Ah, oui, quoi donc ?
-Tu m'as fait parvenir des lettres par l'intermédiaire de ton ami à la NSA.
-Tu parles de Ted ?
-Oui, tu l'avais chargé d'une mission si tu devais disparaître. Tu ne te souviens pas ?
John rougit immédiatement en se rappelant du contenu qu'il avait laissé au fond de sa mémoire.
Son enthousiasme retombe d'un coup.
En effet, il avait oublié.
Cette fois, il regrette que Ted a trop bien suivi sa mission.
L'aventure qu'il avait eu avec cette femme dans sa période creuse, lui brûle le front.
-T'inquiète pas. Cet épisode-là, je l'ai aussi oublié.
Elle l'embrasse pour compenser l'émotion de John.
Ils arrivent enfin à une centaine de mètres de leurs maison.
Une silhouette imprécise encore se tient sur le perron face au vent du Pacifique.
Elle parait fragile devant la puissance des vagues dont l'écume blanche venait mourir à leurs pieds, mais ce n'est pas elle qui inquiète John.
Celui que l'on attendait plus, l'ami de John est là.
C'est Ted.
-Merde, voilà Ted », lance John d'une voix tremblante et chuchotante à l'oreille de Clara.
John a presque une envie de s'enfuir.
Une coïncidence n'est pas possible.
La NSA l'a retrouvé.
Il est là pour venir le chercher et l'emprisonner comme déserteur.
Clara sans plus rien ajouter, prend John par le bras pour contredire la peur qu'elle a aussi ressenti par ricochet.
Elle n'a jamais vu Ted.
Elle a la même la pensée, « John a été repéré par la NSA » mais il n'y a plus moyen de reculer..
Elle a peur que tout cela ne recommence et que le passé de John revienne avec sa vie de mystères ou pire encore.
Elle sent les ongles de John s'insérer dans la peau de sa main jusqu'à lui faire mal.
Pourtant, la surprise et la gêne existent des deux côtés de la rencontre.
Arrivé devant eux, Ted dit d'une voix rassurante :
- Non, ce n'est pas possible. Si je m'attendais à te retrouver vivant, John, je ne l'aurais pas cru. Tu ne peux imaginer comme je suis content que tu sois vivant. Un revenant. Avec cette barbe, tes cheveux longs et ton habillement en Mexicains basané, difficile de te reconnaître au premier coup d’œil. Mais, dans le fond, tu n'as pas trop changé. Cette barbe te va bien d'ailleurs.
Clara et John restent sans voix, prêts à tout.
- Ne crains rien, je ne suis pas envoyé par la Firme pour te chercher. Je suis en vacances au Mexique. Je voulais passer par ici pour apporter mes hommages à ton épouse puisque j'avais appris qu'elle s'était expatriée avec un retour aux sources au lieu de sa naissance.
John ne s'est pas détendu pour autant.
Clara, elle, lance, guerrière avec le sourire en coin.
- Bonjour Ted. Enchantée de vous rencontrer. Quelle coïncidence à vous voir ici. Ne faites pas attention à la peur de John. Suivez-nous à l'intérieur. Je vous invite chez nous. Il y fera plus frais. Nous avons tellement de choses à nous dire. Depuis l'année dernière, Trump est arrivé à la présidence. Tout a changé, parait-il. Tout évolue tellement vite au pays. Je suis sûr qu'à la tête de la Firme beaucoup de postes ont été revus par le nouveau patron de la Maison Blanche. John m'a raconté tellement de confidences dans les lettres que vous m'aviez fait parvenir. Je suis prête à entendre n'importe quoi. Plus rien ne parviendra à m'étonner ni à m'émouvoir.
John a passé le cap de l'inquiétude et décide d'embrasser Ted dans une étreinte de retrouvailles.
Tous trois, pénètrent dans la maison et s'installent dans le salon.
Sans rien demander, Clara va chercher une bouteille de Tequila et des bières Corona.
-Ce ne sont ni du bourbon, ni de la Bush beer par ici, mais c'est tout aussi alcoolisé.
Ted commence à parler en souriant.
-Merci, je prendrai de la Corona. Avec Trump, nous avons de nouvelles missions. Tous les patrons de la maison suivent de près les leaders politiques jusqu'à en devenir paranoïa. Trump a une dent contre nous et veille à ce que ses décrets et ses tweets soient suivis d'effets. Surveiller les entrées des immigrés et les sorties des illégaux sur le territoire des États-Unis est devenu une obsession. Les candidats à l'immigration doivent déclarer leurs comptes sur les réseaux sociaux.
-C'est pour amuser la galerie des supporters Républicains de Trump, lance enfin John pour sortir de sa léthargie plus qu'apparente.
-Comme tu dis. Je vois que tu n'as pas perdu ton sens de l'humour. Orwell n'est pas mort tous les quatre ans. Il ressuscite avec effet rétroactif pour compter et décompter les dollars. On ne manque pas de travail dans ce genre de prospective. Heureusement, on va avoir le dernier ordinateur que l'on dit être dix fois plus puissant que le précédent. Les internautes, eux, vont devoir être plus circonspects sur l'envie de placer leur vie privée sur le net.
-Elle n'est pas perdue pour tout le monde. Je peux te le confirmer. Oliver Stones pourrait créer un remake de l’histoire de Snowden comme lanceur d'alertes avec les mensonges "à la Trump".
-La situation de Snowden en Russie va être problématique puisque son permis de séjour à Moscou expire cette année. Un souci de plus entre Trump et Poutine. Es-tu au courant qu'en 2016, il y a eu un contractant sous-traitant de chez nous qui a été arrêté par le FBI pour vol de données et que Yahoo a été accusé d'espionner les e-mails pour le compte de la Firme ?
-Non. Le film « Snowden » est arrivé par ici en espagnol. « No Such Agency » of course "Hay tai Agencia" .
-Surtout ne réapparaît pas avec tes connaissances en maths en espagnol.
-Les maths étaient ma marotte à mes temps perdus. Tu sais, tout cela ne m'intéresse plus vraiment. A part pour faire ma comptabilité. Je suis mort et enterré aux États-Unis. J'ai une nouvelle vie ici au Mexique et Trump construit un mur entre nos deux pays pour me protéger, non ?
-Aucune nostalgie du pays ?
-Je n'ai jamais été nostalgique du passé. J'ai tourné la page de la NSA. Même mes parents ne connaissent pas ma résurrection dans le monde des vivants. Clara s'occupe avec moi de notre petite entreprise. Elle ne connaît pas la crise dans le tourisme. Je fais visiter les plus beaux endroits de la région. La preuve, c'est que tu es là. Le paradigme de la NSA a toujours été de la surveillance ciblée pour construire en quiconque un suspect potentiel grâce à tout ce qui transite en réseaux même avant Internet.
- Tu serais considéré comme un déserteur si on savait cela chez nous. Tu es une bascule comme Snowden mais tu restes sous le serment de ne rien divulguer des secrets de la boîte. Reste caché et fais-toi oublier. Je ne sais comment tu as réussi à sortir de leurs griffes.
-Comment ? Très simple. En échangeant les identités avec quelqu'un qui a sauté devant moi. J'ai eu une occasion de disparaître et, c'est le cas de le dire, j'ai "sauté" sur l'occasion. Le cheminement de ma décision de quitter la NSA datait de 2015 mais j'ignorais comment j'allais y parvenir, quand j'ai écrit les lettres pour Clara. Comme tu étais mon ami et tu le restes, je t'ai chargé de les lui faire parvenir. Je t'en remercie. J'espère que tu n'es pas géolocalisé par quelqu'un. Rester trop longtemps dans mon entourage pourrait éveiller les soupçons et m'attirer des ennuis et par ricochet à toi-même.
- Tu es ici, avec un autre passeport, incognito avec un autre nom. Personne ne va faire le rapprochement.
- Oui. Ce n'est pas un faux passeport. Je n'ai pas dû demandé l'asile au Mexique grâce à cette nouvelle identité. Je ne me sens pas traître à ma patrie. Je n'ai transmis aucun document à personne. Les grands chefs des Services secrets prennent aussi leur retraite. Je l'ai prise un peu plus tôt qu'eux. Notre maison en Floride a été vendue avec une bonne plus-value. Nous nous en contentons. La vie n'est pas aussi chère par ici quand on sort des quartiers touristiques. Je n'aurai pas de pension de retraite de la NSA. Tout bénéfice pour elle et pour mon pays d'origine. Comment a évolué les choses à bord ? Avec l'arrivée de Trump, je suppose que rien ne s'est calmé.
-Le piratage par les hackers n'a jamais cessé. En 2016, « The shadow Brokers » a mis en ligne des fichiers d'« Equation Group » concernant le mode opératoire pour lancer des cyberattaques ou franchir les pare-feu mis en place par des pays tels que la Chine, la Russie ou l'Iran. Cela lié à la NSA probablement par des "leaks". Trump accuse Obama de l'avoir espionné pendant les élections présidentielles. Il ferait mieux de faire profil bas puisque le FBI posséderait des informations sur des communications entre ses proches et des agents russes. Il paraît même que des logiciels ont été installés dans certains smartphones de leurs utilisateurs.
-Normal. Sa technique de défense, c'est l'attaque. Tous les hommes politiques s'espionnent et les consommateurs subissent leurs intérêts personnels. Les fuites et les logiciels sont les grands problèmes et en même temps, ce sont les outils des services secrets. "La surveillance massive avec l'aide du logiciel de Palantir sous Five Eyes pour collecter les information" comme disait Keith Alexander, a toujours éveillé les hackers.
-Le particulier n'a que quelques solutions pour se protéger et garder son anonymat. Des antivirus, des firewalls, des VPN pour protéger la confidentialité et assurer sa sécurité.
-Et au niveau personnel de la NSA, on se maintient malgré les relations tumultueuses avec Trump ?
-Comme partout, on y restructure, La fuite des cerveaux s'est produite à cause des réorganisations. Trump nous accuse d'être à l'origine des fuites d'informations confidentielles. Le projet NSA21 veut diminuer le personnel par la fusion des opérations intérieures et extérieures d'espionnage. De grands noms comme Curtis Dukes se trouvent sur la sellette.
-Il y a des preuves de fuites de « top secret » ?
-Il y a eu le cas de Harrold T.Martin, un salarié sous-traitant qui a piraté le code source que la NSA avait développé.
Puis, il y a la visite constructive par très chaleureuse de l'allemande Angela chez notre Donald pour briser la glace. "Il vaut mieux parler à quelqu'un que de parler de quelqu'un", disait-elle.
-Oui, j'ai appris et lui a répondu, "Nous avons en commun notre aversion vis-a-à-vis d'Obama qui nous espionnait". Est-ce que Trump qui se dit être un adversaire des services secrets, pourra-t-il vraiment calmer les ardeurs de la NSA?
-Quand on sait que le budget militaire est en progrès sous son administration, pas sûr que l'agence soit oubliée dans la manœuvre.
-Tu n'as pas de nouvelles plus cocasses à me raconter?
-Plus cocasse. Oui, il y en a une. Tu te souviens de Pamela Anderson, la sirène bien roulée de la série télé « Alerte à Malibu » ?
-Oui, avec un bikini rouge. Qu'est-ce qui lui est arrivée ?
-D'après les rumeurs, elle se serait entichée de Julian Assange, le sulfureux fondateur de Wilileaks. Elle le visite à la chancellerie de l'ambassade de l’Équateur à Londres. Elle a avoué, j'ouvre les guillemets, « avoir passé plus de temps à discuter avec lui qu'avec ses trois maris réunis. Sans être romantique, je veux réunir nos forces pour faire quelque chose d'important. Je me soucie de son état de santé. J'ai toujours pensé que je ferais une bonne Première dame. Si je devais choisir un leader mondial pour faire ma vie, ce serait Julian Assange ». Je ferme les guillemets.
John se mets à rire et Ted l'accompagne tandis que Carla va chercher une autre bouteille.
-Après une telle révélation, cela vaut bien que l'on remplisse nos verres. Vas-y chérie, sers-nous une nouvelle Corona. Tu en as d'autres révélations du même type ?
-Ce n'est pas un secret, Trump est en froid avec les services secrets parce qu'il se sent contrôler par eux. Sais-tu comment les services secrets y répondent ?
-Non.
-Les services secrets utilisent un vielle technique de la peur, ils se sont interrogé sur le futur. La CIA a envoyé sur le bureau de Donald Trump, un rapport de 300 pages qui explique ce que pourrait être la situation en 2035. Leurs agents ont sillonné de nombreux pays et interrogé des milliers d'experts pour étayer leur thèse.
-Qu'est-ce qu'elle contient ?.
-Leur rapport de sources ouvertes concerne l'évolution du commerce mondial, des ressources, de l'eau, des technologies, de l'augmentation des migrants. Pour conclusion, ils ont entre trois visions qu'il faudra choisir. Un mode d'archipel de protectionnisme à la Trump. Un monde de sphères d'influence de compétitions du genre Poutine et un monde de communautés du style Bill Gates dans lequel les États sont devenues des villes ou des entreprises.
-Rien que ça ? Et cela est justifié par ...?
-Par l'accroissement de la cybercriminalité, aux risques de conflits militaires et religieux, aux nouvelles formations pour trouver des emplois, à l'énergie verte, au libéralisme économique effondré et à une crise de confiance faites de post-vérités dans un monde tiraillé par des forces contraires. Ce que redoute le plus la CIA, « l'auberge espagnole » du pluralisme d'idées qui bloquerait le politique et la démocratie. Demain, lundi, les grands pontes de la NSA sont invités pour s'expliquer sur le rapport. Cela risque d'être assez folklorique.
-On rejoue dans ce scénario de la « Guerre et Paix » du style « Apocalypse » mais dans une version 2.0 avec des drones et des robots tueurs qui jouent à la guerre en automatique.
-Vu l'espionnage numérique a atteint le niveau de sophistication que l'on connaît à la NSA, la question à se poser est « Qu'adviendrait-il si l'Amérique était aux mains d'un dictateur ou d'un gouvernement militaire extrémiste ».
-Je vois à qui tu penses. Au Docteur Folamour. Ce sera sans moi même avec mon potentiel du numérique en porte bagage, je ne jouerai plus au chat et à la souris.
J'ai été une bonne recrue pour la NSA pendant quelques années. J'avais beaucoup de qualifications pour exercer au mieux mes missions.
J'étais prêt à tout pour les exercer, pour voyager, pour répondre à ce que j'ai vécu dans mon enfance de la même manière sans pouvoir libérer mes secrets les plus intimes.
-Et tu as changé.
-Je me suis adapté. J'ai compris comment les Européens l'ont fait, que pour résister un ennemi commun désigné comme le terrorisme ce n'est pas par le secret des renseignements, mais par l'infiltration, la coordination et le partage des informations. Leur "Centre Européen Contre-Terroriste" donne de meilleurs résultats. Aujourd'hui, il y a la mondialisation. Il n'y a plus les cow-boys contre les indiens, les bons contre les mauvais, les gentils contre les méchants. Tout n'est que nuances et appréciations d'une situation dans son contexte à prendre dans son ensemble. Cela nécessite bien plus d'informations à analyser. L'information, c'est comme une guerre, on ne la contrôle pas. On sait où elle commence mais on ne peut dire où elle aboutit. C'est pour cela qu'il faut jouer franc-jeu avec elle dans la transparence partagée dont les avantages sont reconnus par tous.
Te rappelles-tu du nom de celui qui est à l'origine de l’espionnage moderne ?
-Non, dis-moi... C'est un Américain, non ?
-Pas du tout. C'est un Anglais, un nommé Alan Turing qui a développé une machine pour casser les codes des Allemands pendant la deuxième guerre. Sous le nom de projet « Ultra », il a permis de raccourcir la guerre de deux ans. C'était un mathématicien idiot, un gars génial pourtant que l'on disait pas tout à fait normal. Un simple d'esprit, un esprit pratique...
-C'est peut-être grâce à des anormaux comme lui que le monde arrive à être meilleur. L'américano-hongrois, John von Neumann était un mathématicien malin. Un grand théoricien. Il alla plus loin que Turing, toucha à l'intelligence artificielle et tout devint, pour l'homme, plus abstrait et par là, plus secret. Si un jour, l'humanité se consume dans l'enfer nucléaire, von Neumann l'aura rendu possible.
-Exact. Le modèle de calculateur à programme, von Neumann l'attribuait à Alan Turing. Si von Neumann vaut cent personnes normales par la vitesse de sa pensée, j'aime beaucoup plus les gens anormaux qui répondent à un besoin pratique et beaucoup moins les apprentis sorciers théoriciens.
-Que vas-tu faire ? Restes-tu au Mexique ?
-Au Mexique, le problème n'est pas les réfugiés. C'est la corruption secrète qui sévit et quelques découvertes macabres à Vera Cruz. Enfant, parti d'un petit village perdu, j'étais convaincu de découvrir le monde avec ses espoirs à concrétiser dans la pleine lumière. En découvrant le secret, je suis retourné dans l'ombre et la clandestinité. Je dois être marqué par le sort du secret. Nous vivons derrière des menaces de plus en plus autoritaires et populistes. Le pardon, n'est-il pas la vengeance ultime de la vie. Contrairement à ce que j'ai découvert dans l'ombre des services secrets américains ici, en pleines couleurs vives de la lumière que les plus grands secrets rendent inconnus ou fou de vivre.
Assez philosophé, Ted. Tu es en vacances, ce n'est pas tout de dire que les couleurs vives de la lumière font le Mexique. Je t'emmène avec Clara pour le constater.
Nous allons te montrer là où j'ai connu Clara, il y 25 ans. Tu verras comme il est très difficile de ne pas tomber amoureux en un tel endroit. Tu n'es jamais venu au Mexique?
-Non. Je vous suis. J'ai confiance en vous deux comme guide. Mais tu m'en avais parlé avec fougue plusieurs fois, tu ne te souviens pas?
John ne répond pas.
Ils sortent sur la plage.
Clara, alternativement avec John, jouent au guide pour Ted.
Ted est content en suivant les doigts de chacun d'eux dans la direction qu'ils indiquent.
John tend un doigt en direction d'un pont.
-Là, tu vois le pont. Tu verras que...
John n'aura pas le temps de compléter sa phrase.
Comme s'il avait botté une pierre qui n'existait pourtant pas, John s'affale sur le sol de sable, d'une pièce comme une masse.
Clara saute vers lui pour le retenir, mais n'y parvient pas.
-John qu'est-ce que tu as, lance Clara avec une voix déchirante.
Elle regarde son visage qui est figé avec les yeux fixes d'un mort.
Elle soulève sa tête et ses mains sont pleines de sang.
Là, elle crie, fond en larme et se tourne vers Ted avec un air qui laisse paraître une certaine surprise mêlée à une accusation.
Ted s'est baissé pour la soutenir avec un regard désespéré.
-Non, ce n'est pas moi. Ce n'est pas moi", répète désespérément Ted en voyant que Clara l'accuse.
Il se lève en jetant un coup d’œil autour de lui.
Il n'aura pas le temps de lui en dire plus.
Une balle l'atteint en pleine poitrine.
Clara penchée au dessus de John, n'a pas le temps de venir à son secours.
Elle s'effondre à son tour sur le corps de John.
A deux cent mètres, un homme s'est relevé.
Il s'empresse de démonter son fusil, de retirer la lunette de visée fixée et remet l'ensemble dans un étui qui détient toutes les empruntes de ses armes.
Il ramasse ses jumelles et les place en bandoulière sur l'épaule.
Son travail est terminé.
Il s'en retourne sans plus jeter un regard vers l'endroit qu'il n'avait pas quitté depuis un demi-heure.
Ted était bien en vacances sans volonté de nuire.
Ce sont les lettres de John qui ont été lues un jour avant qu'il n'aille en Égypte, qu'il les a fait parvenir à Clara par l'intermédiaire de Ted et qui ont été probablement le détonateur.
John avait utilisé son ordinateur pour retranscrire ses lettres manuscrites qu'il avait effacé mais qui ont peut-être été récupérées.
Ce seraient elles qui l'ont marqué comme dangereux et ont créé une suspicion de la survivance de John après le retour de Clara au Mexique.
La demande de congé de Ted pour aller au Mexique a pu être une occasion pour vérifier si leur suspicion était fondée.
L'accolade de John avec Ted, avait confirmé qu'ils se connaissaient depuis longtemps.
L'homme au fusil était un Mexicain et avait les photos de John et de Clara.
Sous-contractant, il avait reçu des directives précises de les éliminer.
Le lendemain, dans la presse locale, est paru un entrefilet qui disait "Un nouveau meurtre en série a fait de nouvelles victimes dans un règlement de compte entre bandes rivales. Une enquête est ouverte.".
Impossible de remonter à la source pour les enquêteurs.
Le poids du secret s'est envolé dans les informations envoyées dans les nuages et a encore fait trois victimes dont l'une était déjà comptée.
Si le savoir donne toujours plus de pouvoir, il devient un piège quand il ne peut être partagé que par quelques personnes mal-intentionnées.
Les secrets peuvent protéger ou nuire.
Occultes, ils ne se partagent pas.
Ils donnent des obligations à ceux qui sont habilités à le contenir et de perdre toutes émotions et toutes responsabilités.
Savoir quelque chose dans le monde de l'ombre, c'est toujours arriver à en savoir trop.
Partager les informations au lieu de les protéger est un nouveau modèle de société que les jeunes tentent d'instaurer et qui a atteint certaines entreprises mais pas encore les États.
Les lanceurs d'alertes des secrets d’État sont punissables en fonction de modèles de références du passé mais un sentiment de "mains-propres" prend le dessus dans notre monde virtuel où tout parvient à se savoir.
Faire semblant de ne pas avoir su, d'ignorer la puissance de l'intelligence artificielle et continuer à vivre ne fonctionnait pas encore sous le voile du secret où...
« Nothing Sacred Anymore » and « No Say Anything ».
Blue Jeans (paroles)
F
FIN
Commentaires
Mexique: trois corps démembrés découverts dans une station balnéaire
Les corps démembrés de deux hommes et d'une femme ont été découverts dans la luxueuse station balnéaire de Los Cabos, sur la côte ouest du Mexique, ont indiqué vendredi les autorités locales.
Les restes humains ont été trouvés à proximité de l'hôtel Playa Grande, où se tenait une réunion nationale sur la sécurité entre les autorités locales et le gouvernement mexicain.
On ignore pour l'heure l'identité des victimes, a précisé le procureur de l'Etat de Basse-Californie du Sud.
Quatre jours auparavant, les corps démembrés de deux hommes et d'une femme avaient été découverts répartis dans plusieurs glacières abandonnées aux abords du port de Cabo San Lucas, le coeur touristique de cet Etat.
La station balnéaire de Los Cabos et ses hôtels luxueux sont très appréciés des touristes étrangers, notamment américains.
Selon les autorités, ces crimes sont la conséquence de luttes entre différents cartels pour le contrôle de la vente de drogue et de son acheminement vers les États-Unis.
Plus de 170.000 personnes ont été tuées et environ 28.000 portées disparues depuis 2006 au Mexique, date à laquelle le gouvernement fédéral a lancé une offensive contre les cartels en déployant l'armée dans le pays.
http://www.msn.com/fr-be/actualite/monde/mexique-trois-corps-d%C3%A9membr%C3%A9s-d%C3%A9couverts-dans-une-station-baln%C3%A9aire/ar-BByI697?li=AAaAA0O&ocid=spartandhp
Non, ce n'est pas eux....
Envoyé en orbite par les services secrets américains, ce vaisseau spatial inquiète le reste du monde
X-37B est un vaisseau spatial de l’armée américaine qui a été placé en orbite il y a 684 jours. Si l’engin est devenu l’appareil top secret resté le plus longtemps en vol continu en orbite, tout le monde ignore encore pourquoi il a rejoint les étoiles.
COMMENT CET APPAREIL S’EST-IL RETROUVÉ DANS L’ESPACE ET A ÉTÉ OUBLIÉ AINSI ?
Le vaisseau a décollé le 20 mai 2015 à destination de l’espace afin de se placer en orbite autour de la Terre. Seulement, l’objectif de l’engin est classé top secret par le gouvernement américain. Depuis cette date, celui-ci erre et il est officiellement devenu le vaisseau spatial classé Secret défense à avoir effectué le plus long vol sans interruption.
Si ce record a de quoi surprendre, il n’a rien d’étonnant car des satellites ont déjà effectué de plus longs vols en orbite autour de la Terre. La véritable question que le monde se pose, c’est la nature de la mission que doit réaliser le X-37B, d’autant que ce n’est pas la première fois qu’il va dans l’espace (en effet, en 2010, le vaisseau avait déjà effectué un premier vol).
QUE SAIT-ON DU X-37B ?
Étant top secret, peu d’informations circulent sur le X-37B, et ce, depuis son lancement il y a presque deux ans. Les seules informations connues proviennent du Pentagone et ont été révélées au lancement du vaisseau en mai 2015. Selon le gouvernement américain, le vaisseau devait servir à mener deux expériences : tester un propulseur électrique et exposer des échantillons à une mise en orbite longue durée pour observer leur évolution.
QUEL POURRAIT ÊTRE LE RÔLE DE CET ENGIN TOP SECRET ?
La redécouverte du vaisseau est désormais au cœur de l’actualité, et les idées concernant les potentielles missions de ce vaisseau ne manquent pas. Les plus imaginatifs pensent ainsi qu’il s’agit d’un bombardier orbital ou que son but était d’espionner la station spatiale chinoise. La seule certitude concernant ce vaisseau vient d’un détail réalisé lors de son premier vol en 2010. A cette époque, il a survolé des régions du monde que surveillent activement les États-Unis : l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan.
Si cette mini-navette spatiale est au cœur des hypothèses les plus délirantes, l’une des plus probables selon une majorité de personnes reste de l’utiliser pour mener des expériences scientifiques. Toutefois, son rôle restera top secret tant que le Pentagone n’en dira pas davantage.
http://dailygeekshow.com/vaisseau-americain-orbite-secret/?utm_source=newsletter&utm_medium=e-mail&utm_campaign=Newsletter_Journaliere_2017-04-10
WikiLeaks est un «service de renseignement hostile», selon le patron de la CIA
ETATS-UNIS Mike Pompeo ne porte pas Julian Assange dans son cœur...
C’était sa première sortie officielle. Et le nouveau patron de la CIA avait envie « de ne pas tourner autour du pot ». Selon Mike Pompeo, « WikiLeaks est un service de renseignement hostile » et son fondateur, Julian Assange, « fait cause commune avec les dictateurs ».
Lors de sa première intervention publique depuis sa nomination en février à la tête du service d’espionnage américain, Mike Pompeo a concentré ses propos sur le site spécialisé dans la publication de documents confidentiels et sur d’autres sources de telles données, comme l’ancien sous-traitant de la NSA Edward Snowden.
Selon lui, ils représentent l’une des principales menaces que les Etats-Unis doivent affronter.
« WikiLeaks se comporte comme un service de renseignement hostile et s’exprime comme un service de renseignement hostile. Il est temps de considérer WikiLeaks pour ce qu’il est vraiment, à savoir un service non-étatique de renseignement hostile souvent aidé par des acteurs étatiques comme la Russie », a relevé Pompeo.
WikiLeaks trolle Pompeo
Mike Pompeo semble avoir changé de refrain. En pleine campagne présidentielle, il avait publié un tweet faisant référence aux emails piratés du parti démocrates publiés par WikiLeaks.
De nombreux républicains avaient également salué la publication des emails du directeur de campagne d’Hillary Clinton, Leon Podesta. Aujourd’hui, la CIA soupçonne la Russie d’avoir fourni ces emails hackés à l’organisation d’Assage.
La CIA a elle-même été récemment directement touchée par des fuites sur WikiLeaks, au sujet de ses techniques de piratage informatique. Et Mike Pompeo a relevé que M. Assange avait beau se présenter comme un justicier, il ne faisait en réalité qu’aider les ennemis des Etats-Unis. « Assange et ses pairs font aujourd’hui cause commune avec les dictateurs. Bien sûr, ils essaient en vain de se draper eux-mêmes et leurs actions dans une démarche de protection de la liberté et de la vie privée. En réalité, ils ne défendent rien d’autre que leur célébrité. Leur monnaie, c’est la course au clic ; leur sens de la morale est inexistant », a estimé le patron de la CIA.
http://www.20minutes.fr/monde/2049843-20170414-wikileaks-service-renseignement-hostile-selon-patron-cia
Etats-Unis: La NSA surveillerait des banques du Moyen-Orient
ESPIONNAGE Un groupe de hackers a publié vendredi des documents compromettants pour l'agence américaine de renseignement...
Non, vous n’êtes pas en train de lire le résumé du dernier épisode de Homeland. De mystérieux groupes de hackers prennent toujours un malin plaisir à exposer les secrets de l’ agence américaine de renseignement (NSA).
Vendredi, ce sont les hackers connus sous le nom de « Shadow Brokers » (« les courtiers de l’ombre ») qui ont publié des documents laissant penser que la NSA a pu pénétrer le réseau interbancaire SWIFT et placer sous surveillance plusieurs banques du Moyen-Orient. Ces documents sont présumés provenir d’une unité de piratage ultra-secrète nommée « Equation Group » au sein de la NSA.
Des failles dans une gamme de produits Microsoft
Selon des experts en sécurité informatique, ces documents montrent également que la NSA a trouvé et exploité de nombreuses failles dans une gamme de produits Microsoft, largement utilisés sur les ordinateurs à travers le monde. « Les outils et les programmes révélés aujourd’hui ont été spécifiquement conçus pour cibler les versions antérieures du système d’exploitation Windows », a expliqué Pierluigi Paganini, spécialiste de la sécurité sur le site Security Affairs.
Les documents semblent indiquer que la NSA avait infiltré deux des bureaux du réseau SWIFT, basé en Belgique, y compris EastNets qui lui fournit des services technologiques au Moyen-Orient. Via ce point d’entrée, la NSA semble avoir suivi les transactions impliquant plusieurs banques et institutions financières au Koweït, à Dubaï, à Bahreïn, en Jordanie, au Yémen et au Qatar. Mais EastNets et SWIFT ont rejeté en bloc dans un communiqué toutes ces allégations.
Qui est le groupe « Shadow Brokers » ?
Petit nouveau dans le milieu, le groupe « Shadow Brokers » est apparu l’année dernière en offrant à la vente une série d’outils d’espionnage utilisés par la NSA. Au prix demandé de dizaines millions de dollars, les acheteurs ne s’étaient pas pressés mais depuis lors, les pirates en ont dévoilé gratuitement une partie.
Les analystes estiment que beaucoup des programmes ainsi révélés ont déjà trois ans ou plus, mais qu’ils comportent des vulnérabilités encore inconnues qui pourraient toujours être utilisées par d’autres pirates informatiques.
http://actualite.20minutes.fr/Interstitial/TwentyMinutes/2017/04/15/58f1e1e913e99.html#xtor=EPR-182-[welcomemedia]--[article_politique]--